Comme le bonheur existe, pourquoi être malheureux ? Parce qu’il rend imbécile ? — Est-ce exact ? — Je ne sais pas. — Pendant que j’essaie de comprendre quelque chose à quelque chose, ou simplement attendant ma fille qui suit son cours de musique après que je suis allé acheter une bouteille de vin d’Élodie Balme (privilège de m’avoir comme ami), deux hommes accompagnés de femelles et rejetons se font tourner un joint à l’endroit où devrait gésir le cadavre sanitaire d’une terrasse de café encadrant l’angle des boulevards Chave et Eugène Pierre. Décolonisation, est-ce le nom de ce mode de vie ? Dans le dos passe le mégot. Tout est sympa. Tout est odieux. Attitude face à la vie à laquelle je ne puis me résoudre. Est-ce le signe que je vieillis ? À n’en point douter. Et, ceci avoué, regardant le temps qui passe dans les yeux, à chacun, droit dedans, je dis Tu vas mourir. Qui m’écoute ? Aussi, faut-il que je m’étonne entendant Nelly me dérouler le menu des plans de telle de ses amies qui envisage de fêter sa déjà ancienne vieillesse ? Je lui dis : Tu as raison et sais que, quoi qu’il en coûte, nous haïssons la mort alors même qu’elle est notre meilleure, notre plus proche compagne. Fable ineffable. Il vaudrait mieux. Mais rendre explicite est notre tâche. Ou celle, du moins, que je m’assigne quand même personne ne m’aurait jamais rien demandé. Orage au loin. Dans le ciel, l’un après l’autre, des éclairs allument la nuit de ma silencieuse fascination.

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