Marché avec Daphné jusqu’au sémaphore de Callelongue. Rafales à 80 km/h. Arrivée là-haut, à un peu plus de 100 mètres au-dessus de la mer, Daphné prend peur. La vue est vertigineuse qui plonge à pic dans la Méditerranée avec toute la violence du vent qui la pousse dans son plongeon. Je prends l’enfant dans mes bras pour la rassurer. Lui dis, d’un ton un peu ferme, qu’il faut être prudent, pas peureux. La peur rend imbécile. Elle tétanise, fige. Immobile, l’animal n’est plus bon à grand-chose. Est-ce que tout s’arrange quand on marche ? Mais tout quoi ? La marche avant semble l’état spontané du corps, par opposition à la position assise, il est donc logique que l’être dont le corps est en mouvement se sente mieux que l’être dont le corps est en repos. Difficile cependant d’écrire et de lire en marchant dans les calanques de pierres. Faudrait-il alors renoncer à lire et à écrire ? Oh, mieux que cela : ne lire et n’écrire qu’après s’être mis en mouvement durant un laps de temps assez long. Hypothèses gratuites ? Peut-être, mais j’en n’en suis pas certain. Car, qui s’enferme, se replie sur lui-même, se ferme au dehors, se dessèche, épuise le dedans, et bientôt n’est plus capable de rien. Se fane. Nous circulons dans les massifs de cistes, romarins, bruyères en fleurs, au milieu des petits pins et des arbustes couchés par les éléments qui se déchaînent et auxquels ils résistent quand même. Ici, se respire ce mélange de puissance et d’entêtement aux parfums sauvages qui donne l’illusion salvatrice d’être libre cependant qu’on le traverse.

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