74 vers pour ce que j’envisage être le nouveau ∆ du poème, même si le fichier ne porte pas encore ce nom, mais un autre : « calanques. » Et que deviendront les 26 vers du ∆ après qu’il aura changé de nom ? Disparaîtront-ils ? Mais où ? Les effacerai-je ? Mais pourquoi ? Ils n’y sont pour rien. Peut-être ont-ils un autre destin que j’ignore mais qu’eux connaissent. Il faut donc leur sauver la vie. Ne pas les supprimer. Avant les vers, j’avais passé la soirée à lire Stendhal. Moins bouleversé par la chartreuse de Parme que par le rouge et le noir, mais quelque chose tient qui ne veut pas lâcher (ou que je ne veux pas lâcher). À l’orée de la deuxième partie. C’est après l’extinction des feux que je me suis relevé. Je tâchais de chasser des idées parasites pour trouver le sommeil (ce n’est pas une bonne méthode) quand j’ai découvert une formation de mots — un « vers », c’est-à-dire, de trois mots — qui donnait un nouvel élan à l’écriture. Je me suis levé, donc, ai allumé la lumière, et j’ai écrit 73 autres vers en plus de celui que je venais d’inventer. 73+1=74. Arithmétique élémentaire. Ce qui porte l’ensemble à 160 vers sur les 421 prévus. Soit 38,005% du total à atteindre de l’objectif en arrondissant au troisième chiffre après la virgule. Productivisme. (Ceci n’est pas un mouvement littéraire d’avant-garde.) Si, dans nos rêves, chaque fois que nous cherchons une idée, une phrase, un vers, quelque chose pour avancer, une barre de progression comme celle qui se présente à l’utilisateur lors de l’installation d’un nouveau système d’exploitation sur son ordinateur personnel apparaissait, disons, pour ne pas occuper tout l’écran, dans la marge de notre imagination onirique, serait-ce plus ou moins angoissant que l’angoisse de la page blanche ? Le culte de la performance est-il (1) plus ou moins délétère, (2) plus ou moins mortifère, (3) plus ou moins soporifique, (4) plus ou moins comique, que le mythe du poète maudit ? Et, si vous aviez le choix, partiriez-vous en vacances avec Steve Jobs ou bien avec Paul Verlaine ? Quant à moi, je préférerais ne pas répondre à la question. Mais alors, pourquoi la posé-je ? Faut-il que le ciel soit perpétuellement voilé ? Est-ce lui, ce voile perpétuel, le retour à la vie normale après sa suspension temporelle, le retour vacciné à la vie d’avant ?

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