Combien faut-il d’écrivains au RSA pour faire un prix Goncourt ? Combien faut-il de salariés au chômage pour payer le voyage dans la lune de Jeff Bezos ? Combien faut-il d’humains malheureux en moins pour faire un humain heureux en plus ? Relu la vie sociale avec les annotations de GV. Enfin, non, simplement ses annotations (j’avais déjà relu le texte avant de le lui envoyer et il ne sert à rien de s’y replonger maintenant : il est là, je le vois, je puis me faire confiance). Parfois, avec ma réponse, ces remarques forment un texte plus long que le passage qu’elles commentent. Dommage, me dis-je, que tout ceci ne soit pas manuscrit, Daphné aurait pu le vendre aux enchères quelque temps après ma mort. À moins que nous n’éditions ce nouveau fichier en NFT pour le vendre une fortune à un magnat de la drogue qui fera d’une pierre deux coups : blanchir ses bitcoins et assurer la sécurité financière de ma fille. Peu crédible ? Sans doute. Surtout, j’ai profité de cette nouvelle lecture pour récrire la fin. Trois phrases tout au plus, mais qui changent tout, me semble-t-il. Ce n’est plus une boucle close, mais une spirale, forme qui épouse la construction du livre, dans son ouverture, son jeu, son ironie. Heureux ainsi (un peu stupide de l’être, comme je l’écris à GV, mais je n’y peux rien, et je ne veux pas le cacher) de voir que le lecteur tombe dans les pièges que je lui tends. Pas pour ces pièges en soi, en soi, ces pièges ne m’intéressent pas, non, mais pour ce sur quoi ils attirent l’attention : les différences inaperçues qui font toute la différence. Je n’écris pas que pour ça, mais j’écris pour qu’on les voie. Pour qu’elles apparaissent. La température baissant, je cours plus vite, je dors mieux. Mais maintenant, je me lève pour aller fermer aux quatre cinquième la baie vitrée : derrière l’ombre du parasol, avec le vent qui souffle, j’ai froid.

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