Tous les soirs, à peu près à la même heure, le chien hurlait. Cela durait une heure ou deux. Et puis, il s’arrêtait. Un soir, par hasard, je n’étais pas sorti pour cela, j’aperçus le chien derrière le portail en bois d’une maison. C’était une sorte de chien de traineau, je ne m’y connais pas en matière de chien, mais c’est ce que je dirais de lui si on me le demandait, de la race de ceux que l’on s’attendrait à trouver aux alentours du pôle Nord, mais pas dans une petite ville de province, si célèbre fût-elle, plus ou moins à l’abandon, plus ou moins maltraité. D’un blanc tirant sur le gris, des yeux très clairs, quand je le vis à travers deux planches un peu plus écartées que les autres, au-dessus de l’endroit où les deux portes du portail se verrouillaient, je tapai spontanément dans mes mains, deux ou trois fois. Soudain, le chien cessa de hurler. Moi aussi, comme en réponse, de mon côté du portail, je m’arrêtai un instant. Il n’y avait plus le moindre bruit. Je compris que le chien retenait sa respiration. Et la mienne. Comportement probable de qui attend une présence qui ne vient pas, ou trop tard, de qui ressent la solitude, et de la tristesse. Pose une question à laquelle personne ne sait répondre. Je repris mon chemin. Et très vite, l’entendis qui recommençait de pleurer.

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