Dans une ville de taille moyenne, j’avais redécouvert, sans bien m’en rendre compte tout d’abord, le bruit. Le bruit qui était absent de la petite ville de province où nous résidions, Daphné, Nelly, et moi. Ce fut l’oreille tendue, soudain, un plissement des yeux qui contracte les sourcils quand Nelly m’adressa la parole, qui me rappelèrent ce qu’était le bruit, l’excès sonore. Des voitures passaient non loin de l’endroit où nous nous étions attablés pour déjeuner, fenêtres ouvertes, c’était encore l’été, laissant se propager ces infrabasses qui semblent être l’alpha et l’oméga de toute musique populaire. Je me posai alors une de ces questions qu’on n’a pas tout à fait le droit de se poser, parce qu’elles n’ont pas l’apparence de la démocratie, quand même elles le seraient profondément à défaut de le sembler : L’omniprésence des infrabasses dans la musique populaire contemporaine, me dis-je, n’est-elle pas en grande partie responsable de l’effondrement général de l’intelligence ? Et, en réponse à cette question, j’aurais peut-être aimé me voir opposer un grand silence, mais il n’en fut rien. Rien que plus de bruit encore.

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