Quant au devenir de l’univers, si l’enfer ressemble à un bon feu de cheminée, sans doute n’y a-t-il pas de quoi s’inquiéter. Outre mesure. Mais n’est-ce pas une vision de bourgeois des choses ? De quoi ? Comment le saurais-je ? dis-je, non sans ironie, à Nelly, moi qui ne suis qu’un fils de communistes, qui n’a jamais vécu que dans des immeubles communs où les feux, à supposer qu’ils brûlassent jamais, ne brûlaient déjà plus depuis longtemps ? Contrairement à elle, j’entends : Nelly, fille de propriétaires de maison individuelle, qui sait ce que c’est qu’allumer un feu (de cheminée). La maison partagée, je l’ai toujours senti, c’était la façon de vivre de mes parents, quitte à se mélanger avec n’importe qui, cela aussi, je l’ai senti. Ethos pathos. Alors, pour me faire pardonner d’une vie que je n’ai pas choisie, je m’en vais chercher du petit bois dans les collines noires de la Provence verte cependant que Daphné inonde la maison du monde de sa douche nocturne. Est-ce une métaphore de la vie en soi ? En quoi ? Je ne sais pas. Hier, Daphné, m’entendant lui dire qu’il fallait qu’elle me laisse travailler, m’a rétorqué, Quoi ! tu travailles même le jour de Noël ? Ce à quoi je lui ai répondu, Quand tu seras une artiste, toi aussi tu travailleras tous les jours, parce que j’étais en train d’écrire mon journal. Et alors, chose étonnante, ce me semble, Daphné n’a rien répondu, comme si quelque chose s’imposait comme allant de soi, que voici : Je peux consacrer ma vie totalement à quelque chose. Totalitarisme de l’œuvre. Et après ? Après quoi ? Comme à Notre Dame des Grâces : zone de silence. Rien.