trois janvier deux mille vingt-quatre

« STOP au 36173 », me dit-on par SMS à la fin du SMS, et c’est ce que je fais : j’envoie STOP au 36173. Ce à quoi, sans délai, une machine me répond par SMS : « Désinscription confirmée ». C’est tout un pan de la vie moderne qui s’offre là, gratuitement, à nos corps innocents. Hier, dans le même ordre d’idées, je me suis inscrit à Bloctel pour mettre fin au démarchage téléphonique dont je fais l’objet. La vie numérique produit des remèdes aux mots qu’elle produit elle-même ; — n’est-ce pas le comble de l’absurdité ? Mais n’est-ce pas la vie elle-même qui est ainsi ? Wittgenstein, souviens-t’en, n’entendait-il pas nous guérir des maux que nous nous inoculions nous-mêmes ? Oui, mais alors, ne faudrait-il pas trouver comment ne plus nous inoculer à nous-mêmes ces maux dont pour guérir, ensuite, nous devons inventer les remèdes ? La vraie guérison, alors, ce serait trouver comment mener une vie saine. Ce serait une guérison de l’avenir, pas du passé, parce que quand tu dois envoyer STOP au 36173 ou t’inscrire à Bloctel, sans garantie absolue de résultat, Bloctel informant l’utilisateur qu’a été infligée une « Amende administrative d’un montant de 185 300 euros à l’encontre de la société ILIOS CONFORT. Le 21/12/2023 “Les services de la DGCCRF de la Direction Départementale de la Protection des Populations de l’Hérault ont prononcé une amende administrative d’un montant total de 185 300 € à l’encontre de la société ILIOS CONFORT pour, notamment : – Non-respect de l’interdiction de démarcher téléphoniquement des consommateurs inscrits sur la liste d’opposition au démarchage téléphonique (BLOCTEL) – Non-respect de l’obligation d’information des consommateurs concernant leur droit à s’inscrire sur la liste d’opposition au démarchage téléphonique (BLOCTEL)” », ce qui signifie donc clairement qu’il y a des failles dans le plan de blocage, c’est que le mal a déjà été fait et qu’il s’agit seulement de le réparer. Quel est l’indice de réparabilité de l’existence ? Mais nous ne voulons plus réparer le mal, non, nous voulons que le mal ne soit pas commis. Oui, nous ne voulons pas aller mieux, nous voulons aller bien. En tout cas, moi, je veux aller bien. Est-il suffisant, en effet, de ne pas faire le mal ? Ne rien faire, c’est ne pas faire de mal. Mais faire le bien, n’est-ce pas tout à fait autre chose ? Faire le bien, n’est-ce pas une expérience absolument autre que ne pas faire le mal ? C’est quoi, l’antonyme de « STOP » ? Je consulte le dictionnaire, qui me répond : « Erreur. Cette forme est introuvable ! » Quand il n’y a plus que des failles, peut-on encore parler de plan ? Je ne sais pas. Mais alors, comment, oui, comment inoculer le bien ? À défaut de faire le bien, chaque jour, je fais quelque chose. Est-ce un défaut ou est-ce in vivo cela, le bien ?