Capable de rien : malade. Entre deux quintes de toux, et à travers les larmes qui coulent de mon œil à moitié ouverts tout le long de ma joue, rien à voir cependant avec ce qui se déroule à l’écran, je regarde une série d’espionnage israélienne qui se déroule à Téhéran. Voyant la montagne au loin vue de la ville et voyant la ville au loin vue de la montagne, je me dis : « C’est beau, Téhéran. Dommage que. » Oui, dommage que. Dommage que tant de choses. Dommage que les êtres humains soient de violents demeurés incapables de percevoir que le jardin d’Éden, l’Olympe, le Paradis, ou je ne sais quel nom il faut donner à telle chose, s’est toujours trouvé ici-bas. À portée de la main. Et puis, sans que je sache très bien pourquoi, il est question de pains de glace à moitié fondus que les ennemis doivent s’échanger pour résoudre la tension dramatique. Et tout devient profondément obscur. Depuis combien de temps est-ce que je ne regarde plus la série ? Depuis combien de temps est-ce que je dors ? À en juger par les bruits du déjeuner qui me parviennent de la pièce à côté, pas longtemps, mais je suis parti loin, très loin, bien plus loin que Téhéran. J’essaie de retrouver le sommeil, mais je tousse, et dois me lever pour expectorer. Ensuite, revenant au lit au prix d’un suprême effort, dans la pénombre de la chambre à coucher, j’entreprends d’écrire un peu, autant que la force qui demeure dans mes doigts me le permet. Dehors, de toute façon, sous le ciel blanc, ne fait-il pas un temps à être malade ? Mais comment peut-on échanger des pains de glace à moitié fondus ? Et voilà, donc, voilà.