Féroce drôle osé le poisson c’est de l’énergie de connexion Giotto humiliation dystopies tendresse Raison blanche tapis rouge tout en noir et en glamour punk et sucré ; — dresser la liste des bribes de langage qui passent chaque jour devant mes yeux esbaubis, ou ne serait-ce que commencer de m’y atteler, comme je viens de le faire à l’instant, et pour aujourd’hui seulement, c’est pressentir la folie : il est clair que, globalement, rien n’a de sens, ce ne sont que des expériences microscopiques et isolées qui peuvent prétendre jouir de quelque signification et, pourtant, le langage ne signifie rien de manière partielle, un à un, on ne peut confronter des énoncés à la réalité parce qu’ils n’ont aucun sens indépendamment de la totalité du langage dont ils font partie, et qui pense, ou tâche de le faire, pour être plus précis et plus modeste aussi, qui tente de faire quelque chose des expériences qui sont les siennes ou qu’il s’imagine qu’elles le sont, pour les comprendre, pour y apprendre quelque chose, pour aimer un peu mieux la vie qui est la sienne ou qu’il s’imagine qu’elle l’est, se trouve dès lors sans cesse renvoyé de contraire en contraire, s’efforce malgré tout d’avancer sans savoir où aller dans la forêt dense des contradictions qu’est son existence, ni même s’il y a quelque part où aller. Et le plus probable, quand on tente par hybris de dégager un éventuel lien entre les lambeaux de la chair qu’on croit signifiante du langage (mais, comme dit le philosophe, there is no such thing as a language), c’est qu’il n’y a nulle part où aller ou plutôt que tout cela ne va nulle part. Membres épars d’un cadavre d’où toute vie est absente depuis si longtemps qu’on se perdrait en conjecture dans le dessein de dater l’événement, retentissant pourtant, tout est sourd depuis, c’est là tout l’être de notre langage. Si tout autour de toi l’on semble se satisfaire de l’insignifiance, c’est que chacun est content de parler tout seul, se contente de s’adresser à la poignée de ses semblables, même quand elle compte des milliards, la poignée, ne te méprends pas, elle n’est pas grande comme l’univers, elle a simplement réduit l’étendue de ses possibles à presque rien, une tape dans la main, une insulte, un slogan, la marchandise de l’industrie, la voisine du néant. Les personnages de cette chaotique geste, comme les mots des langues qui pleuvent comme les antiques atomes en l’absence du clinamen, rectilignes catastrophes, plombs pour les prisons de demain, sont indifférents, ils passent, et ne signifiant rien, c’est tout comme s’ils n’avaient jamais été, comme s’ils n’allaient jamais rien devenir.

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