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Je pourrais remplir une grande page entière, où j’écrirais seulement que je suis un imbécile, disons cent soixante-cinq fois, ou trois cent trente fois, ou plus ou moins, quelle différence ? cela ne prouverait rien, ni que je suis un imbécile ni que je ne suis pas un imbécile, parce que j’en ai conscience ou dieu sait quoi, aussi ne le ferais-je pas, et si je le faisais, ce ne serait pas pour l’espèce de performance qui consisterait à écrire n’importe quoi, faire des phrases vides, mais qui semblent importantes, non, pour cela, mon époque n’a pas besoin de moi, qui s’en charge à la perfection. Presque autant qu’aux oreilles de Morton Feldman, je pense beaucoup à mon époque en ce moment, parce que je la vis comme une sorte de malédiction, vis comme une sorte de malédiction d’être né à cette époque, encore que je sache parfaitement qu’une autre époque n’eusse probablement pas été meilleure, du moins pas une époque passée, quant aux époques futures, on ne sait pas, elles n’existent pas, n’existeront peut-être jamais, ne sont sans doute même pas dans un réservoir de possibles attendant de passer à l’acte, passer à l’être ou non, ce n’est sans doute pas ainsi qu’il faut se représenter les possibles, n’en déplaise à Monsieur Leibniz, mais je m’interroge, je me demande comment il est possible que — que quoi ? eh bien que tout cela, regarde, ne le vois-tu donc pas ? ne vois-tu donc rien ? —, et aucune des réponses que je semble en mesure d’apporter ne me satisfait vraiment, ni mêmes la somme des explications, lesquelles, prises comme une totalité ou bien au contraire l’une indépendamment de l’autre, me paraissent toutes laisser quelque chose de côté, quelque chose d’important de côté, qui tient du sentiment, je crois, le sentiment de ne pas être à sa place, de ne jamais pouvoir être à sa place, parce que cela, une place, cela n’existe pas, pas pour moi, en tout cas, être à sa place revenant à renoncer aux possibles, à la possibilité des possibles, qui ne sont pas des êtres en attente d’exister, mais des, des quoi ? c’est vrai, des quoi ? on ne sait pas, tout est possible, à se laisser assigner une résidence, pour être un x à l’exclusion de tous les autres possibles, infinis en nombre ; je suis qui je suis, oui, mais cela ne va pas chercher bien loin, ni ne veut dire grand-chose. On pourrait consacrer sa vie à exposer les non-sens qui constituent l’époque — cette époque, mon époque —, mais ce serait passer là à côté de l’essentiel : ces non-sens constituent le sens de l’époque, et si tu les conçois comme des non-sens, c’est tout simplement que tu n’appartiens pas à cette époque, n’appartiens pas à ce temps, n’appartiens à aucune époque, n’es d’aucun temps. Cette condition d’apatride intempestif, qu’en faire ? Mais il n’y a rien à en faire, c’est ce qu’il t’arrive dans la vie, un point, c’est tout. Et, comme je l’ai fait remarquer hier ou avant-hier, vivre à cette époque ne m’a pas encore conduit au suicide. C’est un peu comme une révélation. Quoi, le suicide ? Mais non, pas le suicide, réfléchis un peu : parvenir à la conscience que, précisément, ce que tu tiens pour des non-sens constitue le sens de l’époque, c’est comme une révélation, c’est comme si, soudain, tout s’éclairait, tout devenait clair, tu peux faire non de la tête avec une larme d’indignation chaque fois que quelqu’un prend la parole pour dire quelque chose d’important, tu peux constater avec quel aplomb les bonimenteurs professionnels mentent et professent, avec quelle arrogance ils excellent dans l’exercice, tu peux pointer du doigt les endroits précis où se situent des contradictions manifestes, des absurdités caractérisées, et caetera, et caetera, et caetera, tu peux tout faire, c’est vain, c’est en vain, c’est cela, ton époque, et il est dès lors de toute évidence impossible qu’elle et toi puissiez jamais vous comprendre, que tu puisses jamais être compris dans cette époque parce que son sens est ton non-sens et ton sens son non-sens. Les sens ne sont pas simplement inverses, ils appartiennent encore à des mondes sémantiques infiniment éloignés. Est-ce que cela justifie de s’accabler de la phrase cent soixante-cinq fois énoncées que tu es un imbécile ? Non, mais ce n’était pas pour cette raison que je le disais, pas pour cette raison que je le pense. Alors pourquoi ?

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