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Écrit le chapitre 19 de Loin de Thèbes. Le chapitre 1.2.19, pour être tout à fait exact, lequel clôture donc le livre un. Si, du moins, dans « 1.2.19 », « 1 » signifie « livre un », « 2 », « partie deux », et « 19 », « chapitre 19 ». Mais je n’aime pas trop les mots « livre », « partie », « chapitre », non que l’organisation me dérange, la structure, pour employer cette expression passablement passée de mode, mais les mots ne me semblent pas adhérer à la chose. Ce n’est pas tant une question d’organisation, de structure, qu’une question de rythme. Dans le 1 de 1.2.19 (premier rang), le 1 et le 2 (deuxième rang de 1.2.19) obéissent au même rythme et les dix-neuf chapitres (rang 3), aussi, logiquement. Mais cela ne signifie pas que le rythme va être le même dans tout l’ouvrage, que dans 2 (de rang 1), il y aura deux rangs 2 et dix-neuf rangs 3, et que ces rangs 2 et 3 seront à leur tour semblables aux rangs 2 et 3 de 1 (rang 1). Cela peut sembler du verbiage, mais pas du tout. C’est tout sauf du verbiage. C’est une question d’économie d’ensemble et de détails, d’où mon inconfort à nommer ces rangs des « livres », « parties », « chapitres », ce n’est tout simplement pas de cela qu’il s’agit, même si le mot de « rang » a un sens trop logico-déductif à mon goût. Enfin, « à mon goût », non, le côté logico-déductif serait au contraire tout à fait à mon goût, mais il n’a pas grand-chose à voir avec ce dont parle le livre. D’ailleurs de quoi parle le livre ? Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx. Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. 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Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx.Xxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx xxx xx xxxxx xxx xx xxxxxxxx xxxxxx. Xxxx xxxxxxx xxxxx : xxxxxxxxx. Voilà où j’en suis pour le moment. L’écriture du 1.2.19, ce matin, n’a pas été des plus agréables. J’ai dû me faire violence pour en venir à bout. Enfin, pour en venir à bout, non. Pour faire ce que j’avais l’idée de faire. Je le répète : j’ai l’idée de trois chapitres que j’ai écrits ces derniers jours depuis dix mois que j’ai laissé le texte, et ce que j’ai écrit ressemble à l’idée que je m’en faisais il y a dix mois environ. Mais il n’y avait plus l’élan quasi automatique qui m’avait poussé à écrire. Hier, en m’endormant (plusieurs jours d’une sorte de migraine ophtalmique de suite), je me suis fait un récit de l’écriture du chapitre, disposant certaines phrases à l’intention de mon moi futur à sa table d’écriture (j’avais noté la première sur un bout de papier que j’avais laissé sur mon bureau), et ce matin, je me suis mis au travail. Mais il y avait du bruit sur le boulevard (le boulevard est définitivement une structure urbaine policière, l’affirmation du pouvoir de l’État policier dans l’espace public de la ville), et cela me dérangeait pour écrire, et puis, Nelly est revenue, ce qui m’a dérangé aussi, j’ai perdu mon sang-froid, mais je me suis remis à écrire avec une forte détermination qui n’avait rien d’un plaisir, qui était au contraire la réaction de mon organisme à la résistance de l’univers. On ne se représente pas ainsi l’écriture, je crois, d’habitude, on s’imagine quelque chose d’éthéré, mais c’est extrêmement dur, bien souvent, taper à l’ordinateur n’apporte qu’une satisfaction très pauvre, il faut s’abstraire de cette machinerie imbécile pour se concentrer exclusivement sur le texte, le sens, l’écriture, surmonter la matérialité de l’écriture pour parvenir au sens. Et, en même temps, cette matérialité fait partie de l’écriture. On ne peut donc pas la mépriser, comme si l’écriture était quelque chose d’abstrait, de sans chair, le livre fini donne cette impression, c’est vrai, les pages se ressemblent toutes, l’objet est formaté, obéit à certaines exigences de mise en forme, de commercialisation, etc., quand on lit une livre (ou une page sur internet), on ne voit que le résultat, on se dit : que ce soit un être humain qui l’ait écrit ou une intelligence artificielle, cela m’est bien égal du moment que j’en ai pour mon argent, on émet un jugement à l’emporte-pièce (comme si quelqu’un en secret sommait de s’exprimer, alors qu’il faudrait apprendre à se taire), mais il n’y a pas deux pages qui ressemblent dans un livre, dans un texte, même si l’écriture semble la même (c’est son style, pense-t-on, quand on ne fait que lire), tout est toujours différent, l’investissement, l’effort, la douleur de l’activité, laquelle ne peut pas être évacuée (pour que tout soit doux, gentil, inclusif, mais quelle bêtise), mais doit être intégrée, digérée, acceptée, pour aboutir à quelque chose de plus fort, de plus important que la douleur de l’activité physique d’écrire, l’écriture, le texte, le livre, la signification. C’était très douloureux, ce matin, mais quand je suis parvenu au bout, j’ai ressenti une grande force, comme si j’avais vaincu tous les obstacles du monde dans lequel je vis, tout ce qui empêche de penser, d’écrire, d’aller au bout de soi-même, plus loin que soi-même : les distractions, la machine, la bêtise, la vulgarité, le vacarme, l’indifférence, l’incompréhension, la laideur, et j’en oublie dans cette litanie, — je me suis senti plus fort que tout cela, et c’était un sentiment d’une puissance étrange, quasi irréel, étranger à ce monde. Mais pourquoi écrire, sinon ?