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Lumière d’automne, déjà, douce de soleil, le matin, et puis tirant sur le gris au cours de l’après-midi. Je l’accueille. Non sans un certain plaisir, — calme. Hier, je m’en souviens, à un certain moment de la journée, à l’angle de la rue de Sèvres et de la rue Saint-Placide, j’ai levé les yeux en direction du ciel et le bleu que j’y ai vu, scandé de ces nuages hauts, m’est apparu d’une splendeur rare. Rare, dis-je, parce que, je crois, ce n’est pas souvent que je le vois ainsi, ce ciel-là, j’entends : le ciel d’ici, le ciel de Paris, comme dit la chanson, avec une telle profondeur, avec un tel sentiment d’admiration. Tout est une question de voir, de percevoir, et point n’est besoin de choses pour cela, j’entends : d’entités avec les frontières qu’on leur suppose nettes, des sortes de monades qui se voisinent sans jamais se rencontrer, qui s’entrechoquent quand quelque chose de grave a lieu, oui, peut-être, mais sinon ? pas vraiment, non. Calme, ai-je écrit, mais non apaisé, l’un et l’autre ne reviennent pas au même ; apaisé, non, cela ne semble pas possible, non, pas pour moi, non, comme si ce n’était pas dans ma nature. Oh, bien sûr, je ne vais pas prétendre le contraire, il m’arrive d’être en paix, avec moi-même du moins, quelquefois, mais n’est-ce pas jamais qu’un état passager (donc, pas un état du tout, n’est-ce pas ? rien qu’un passage) ? Hier aussi, mais pas au même moment ni au même endroit que le ciel (j’étais tout simplement chez moi), j’ai eu envie d’aller marcher dans les sous-bois boueux, mol humus de la terre, châtaignes éventrées qui jonchent le sol, vert tirant sur un marron devenant de plus en plus sombre, l’air humide, et de plus en plus frais tout autour, qui fait comme une écharpe de climat qui nimbe l’atmosphère de ses motifs en éclaircies. Aujourd’hui, j’ai traversé une partie de la rive, selon un parcours qu’il m’arrive de suivre et qui passe par le Jardin des Plantes, notamment. Et le cœur était là, en effet.