121125

J’ai fait un rêve des plus déconcertants, la nuit dernière. Pour un motif qui m’échappe à présent (des insultes prononcées ou quelque chose de ce genre, c’est assez vague), je devais aller présenter des excuses à une dame qui représentait une certaine autorité, mais laquelle exactement ? cela reste flou. Si c’était bien moi qui devais présenter ces excuses dans le rêve, ce n’était pas le moi que je suis aujourd’hui, mais un moi plus jeune, un moi adolescent, lequel, pourtant, j’en avais conscience tout en rêvant, n’était pas tout à fait moi, parce que je n’avais jamais été cet adolescent-là et que le rêve ne portait sur aucun événement vécu par moi ni ne comportait aucun personnage que j’ai pu connaître dans ma vie. À présent que ce rêve est passé, je dirais que le moi du rêve se confondait presque avec Daphné, comme si je vivais sa vie dans mon rêve tout en étant moi-même (d’où le caractère déconcertant du rêve). Je passais un certain temps à préparer mes excuses, répétant les phrases qu’il faudrait que je prononce (« Chère Madame, je vous présente mes excuses. Mes paroles ont dépassé ma pensée. Et il n’était aucunement dans mon intention de vous heurter, etc. ») mais, au moment de les prononcer devant la personne concernée, je me mettais à bafouiller et ne parvenais pas à aller au bout de mes phrases. Pourtant, cela devait suffire puisque je m’en tirais à bon compte. Ensuite, je retrouvais des personnes qui semblaient être mes entraîneurs sportifs, lesquels me disaient qu’il allait falloir que je me remette au travail, et je ne sais plus trop quoi d’autre. Dans le rêve, à certains moments, j’avais l’impression de me moquer de moi-même : je concevais mes excuses comme un courrier adressé à la personne concernée, courrier qui se terminerait par « Cordialement », ce que je trouvais absurde, et j’en riais, me disant : « Mais on ne termine pas des excuses à l’oral par “Cordialement” ». Au réveil, me souvenant du contenu du rêve que je venais de faire, j’ai été déçu : je déplore souvent de ne pas me souvenir de mes rêves mais, me suis-je dit, si c’est pour me souvenir de rêves aussi médiocres, il vaut peut-être mieux les oublier. Mon imaginaire est-il si pauvre que cela ? Ce matin, toutefois, après que tout le monde eut quitté la maison, je me suis assis à ma table de travail et j’ai écrit un nouveau chapitre de loin de Thèbes. Mon problème, ainsi, ce n’est peut-être pas le manque d’imagination, mais quoi, alors ? Je ne sais pas ; ai-je seulement un problème ? J’eusse aimé quelque rêve plus profond, plus mystérieux, plus onirique, allais-je dire, mais l’emploi même de ce dernier adjectif prouve que tout cela est ridicule. Je voudrais des rêves qui correspondent aux histoires que j’écris, qui anticipent en quelque sorte les histoires que j’écris, pour ne pas avoir à les écrire ? Peut-être, oui. Mais qui me dit que ces histoires que j’écris, ce ne sont pas les rêves que j’oublie ?