Outre l’étalage de mes états d’âme que je pourrais faire sans trop me forcer, je ne sais pas trop quoi écrire, ce soir. Traverser la France n’a rien de passionnant. On voit des bribes d’anciens bâtis, d’animaux, des restes de forêts qui datent de l’époque où elles faisaient peur — aujourd’hui, c’est ce qui les interrompt qui effraie —, beaucoup de laideur, d’entrepôts, de zones commerciales, mais c’est assez sinistre, en vérité. En chemin, une usine chimique explose, la pluie se met à tomber, le pays comme le paysage disparaît dans la fumée, la buée, les nuages, le trouble de la vision. Arrivé à Marseille, il fait nuit. À présent (l’oratorio de Noël de Bach passe à la radio), je voudrais dormir. Et, sans mourir toutefois, ne plus me réveiller. Ou veiller, comme Proust les derniers temps, quand Cocteau le comparait au capitaine Nemo et sa chambre au Nautilus, — quelque chose de sous-marin, d’hors la loi, de rebelle, de secret, de dangereux, de silencieux.

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