241225

Comment ne pas suffoquer devant tant de beauté ? Au matin de la veille de Noël, les nuages accrochés sur les collines de Marseilleveyre donnent au paysage des airs de Chine intérieure, mystérieuse et imaginaire. Pourtant, je n’étouffe pas. Le long du rivage, je cours. « Y a-t-il plus bel endroit au monde ? », me dis-je. Peut-être, peut-être pas (du moins est-ce la réponse que je suis enclin à faire ; et puis, quelle importance ?). En attendant de le savoir (ou de ne le pas), c’est ici que je me tiens, que je vais et que je viens sur la Corniche dans la fraîcheur de ce début d’hiver (manches courtes et jambes à l’air). Malgré le bruit des moteurs — le mal de notre époque, salissure et déchéance, interdiction d’être simplement au monde, , toujours quelque explosion viendra détruire le peu d’harmonie que l’on parvient à trouver —, je veux me noyer dans cette perfection ; il le faut, ne pas résister. Un peu plus tard dans la journée (au moment où j’écris, c’est-à-dire, à la fin de l’après-midi), le ciel s’embrase d’ors, de pourpres sombres, d’oranges sanguines, de blancheurs à la chaux, un bateau traverse la baie en direction d’îles plus ou moins lointaines. Tout devient propice à la rêverie, invitation au voyage, au départ, à la fuite, à l’échappée, on peut partir et rester dans le même temps, le même mouvement. Toujours la mer vibre.