271225

Meilleur projet : pas de projet. Autrement, de l’esbroufe à une époque qui pense que le chef-d’œuvre va paraître à la rentrée littéraire alors que, de toute façon, elle serait incapable de le reconnaître. Ou bien, pour i soldi, comme on faisait jadis la quête à la sortie de l’Église, la bourse ou la vie, aujourd’hui que l’administration des services publics a remplacé la très chrétienne charité. Ainsi, mon carnet d’un hiver (je crois que c’est finalement le titre que je vais retenir, et tant pis pour la saisonnalité) a-t-il pris une autre dimension ce matin quand, posant mon téléphone sur le rebord de la fenêtre fermée (instable équilibre qui a toutefois tenu bon), j’ai enregistré ce que l’on voyait depuis l’appartement tout en improvisant à la guitare. La vidéo fait désormais partie du carnet, lequel s’enrichit donc d’une nouvelle dimension, à laquelle je n’avais pas pensé, que je n’avais pas envisagée comme pouvant s’intégrer au carnet. Plus tôt, un peu après minuit, ayant du mal à trouver le sommeil, je m’étais levé pour jouer de la guitare (doucement doucement pour ne réveiller personne) et j’avais composé un poème que j’ai écrit au réveil. Le poème s’intitule « J’ai trouvé une guitare dans l’appartement », c’est en tout cas la première phrase du poème et, sans calculer la chose, il me semble que tout s’est agencé spontanément, suivant sa logique propre, la logique du temps qu’il fait, du temps qu’il passe, qu’il ne faut pas chercher, simplement suivre, — être attentif. Cela, si je l’avais voulu, il me semble que je ne serais pas parvenu à l’obtenir. Et, de fait, c’est la première fois qu’une vidéo trouve sa place dans sa place dans un équilibre autre qu’une certaine durée de temps enregistré. La mélodie n’est pas la bande-son de la vidéo qui n’est pas une illustration des poèmes (ou de tel ou tel poème), c’est un élément de l’ensemble, à part entière. Le carnet d’un hiver a des dimensions multiples. Ces notes sont un peu “méta”, je le regrette, mais elles me paraissent nécessaires afin de mettre les choses au clair, d’en percevoir l’étendue (et, comme je viens de le dire, la multiplicité des dimensions). Il faisait beau, aujourd’hui à Marseille. Ce matin, je suis allé courir. Et cet après-midi, je suis allé au Mucem voir l’exposition de Clément Cogitore consacrée à cette île éphémère (créée par le volcan sous-marin Empédocle) dans le canal de Sicile,  Ferdinandea, exposition dont, en tant qu’œuvre, je ne sais que penser (outre la vidéo proprement dite de 42 minutes environ, c’est un peu vide, et c’est donc much ado about not much), mais en tant qu’expérience personnelle, elle m’aura permis au moins de sortir des mes habitudes, ce qui n’est pas inintéressant. Il se passe quelque chose, en ce moment, quoi.