Carnet d’un hiver. — Écrit un poème, ce matin, en marchant au bord de la mer. Et puis, une fois rentré à l’appartement, disposant comme la fois précédente mon téléphone portable sur le rebord d’une fenêtre tournée vers la mer, j’ai enregistré une improvisation pour R., faisant ainsi, en quelque sorte, d’une pierre deux fois deux coups : l’œil sur l’eau, l’oreille sur la guitare, pour le carnet d’un hiver qui voyagera jusqu’à Berlin, où R. se trouve. Improvisation, souvenir, enregistrement, carte postale, tout cela à la fois. En tout cas, cette improvisation, c’est pour R. que j’en ai eu l’intention, et c’est quelque chose d’important, voire : de décisif. Le poème, toutefois, je crois, ne se prolonge pas dans la musique : ce sont plutôt des poussées différentes, des développements d’une même idée dans des directions différentes qui se complètent. Dehors, cependant que j’écris assis en tailleur sur le lit, on entend déjà les détonations des feux d’artifice. Pourquoi s’accroche-t-on ainsi au calendrier ? Parce que tu ne le fais pas, toi, peut-être ? Ce n’est pas ce que je dis : je ne dis pas que je suis différent des autres, je me pose simplement la question. N’est-ce pas alors aussi ce que tu fais avec ton carnet d’un hiver ? Peut-être, oui. Mais en fait, non : le carnet d’un hiver a commencé durant l’automne et se prolongera après, probablement, et ce n’est même pas un hiver métaphorique (de la vie), c’est la retrouvaille avec une idée oubliée et son approfondissement. Marché un peu plus de douze kilomètres ce matin : suis allé jusqu’au Parc Borély et puis revenu. Je ne monterai sans doute pas à la Bonne Mère, cette fois. Tant pis. Mais je ne suis pas certain d’en avoir besoin. Encore une page méta, fastidieuse, il me semble. Pourvu que la nuit n’explose pas. Que je puisse encore écrire quelque chose.

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.