20.12.20

La fièvre de Daphné est tombée. Dehors, le ciel est gris, et l’air humide. Aucune envie de sortir. Moins par passion du terrier que par l’effet d’un inassouvi désir de sommeil. Un sommeil plus profond, une sorte de monde en soi où l’on pourrait s’abandonner des heures durant, baignées de rêves fous. Je faisais l’un de ces rêves, ce matin, quand le téléphone a sonné. Il y était question d’une impératrice. En tout cas, c’était ce que disait la femme qui parlait, vêtue d’une toge blanche. Les autres, des hommes, il me semble vêtus de marron (je ne suis pas sûr de ce détail-là, mais c’est ce que je dirais à présent, en tout cas, je les associe à la couleur marron), n’avaient pas l’air de la croire et se moquaient d’elle alors qu’elle disait la vérité. Peut-être se moquaient-ils d’elle parce qu’elle disait la vérité. Serait-ce étonnant ? Matière de tragédie. Huit heures zéro quatre. Deux sonneries à peine. Vibrations qui résonnent dans la table de nuit. Une erreur sans doute. Mais suffisante pour me tirer hors de cette histoire bizarre que j’aurais aimé poursuivre, quitte à l’oublier par la suite. Je n’ai pas pu me rendormir. J’avais l’impression d’être prisonnier d’un brouillard de béton. Dur et froid. Je me suis enfoui dans l’oreiller, tiré la couette sur ma tête, fermé les yeux un peu plus lourdement, mais il était trop tard. Alors Daphné s’est levée comme s’il ne s’était rien passé la veille. Métamorphosée en elle.