Couru 13 kilomètres ce matin. Afin d’expier les péchés d’excès du week-end. Pourtant, j’avais perdu 3 kilogrammes la semaine dernière. Mais pourquoi ces excès, me demanderas-tu ? (Non ? Tant pis, faisons comme si.) C’est que la chair est faible, même quand elle est joyeuse, les poètes le savent, et les autres sont des menteurs. En courant, un chien a bien failli me mordre. Il s’est précipité vers moi en aboyant et en montrant les dents alors que je ne faisais que passer dans l’espace le plus public qui soit à Marseille : la plage. Je hais les chiens. Parce qu’ils ressemblent à leurs maîtres. Quelle idée de vouloir être un « maître » (ou une « maîtresse », c’est exactement la même chose, la même mentalité puisque le chien qui a failli me mordre appartenait à une jeune femme qui faisait du sport dans une ridicule tenue aux couleurs criardes) ? Quelle idée ? Quelle faiblesse, surtout. Justement, c’est une idée de faible. L’autre jour, j’avais entendu une vieille dame dire à une autre vieille dame qu’elle avait quand même payé son chien 700 euros, ce qui fait réfléchir avant d’en prendre un autre pour remplacer le mort. Bref aperçu de la libération qui attend les animaux. Quand nous aurons libéré l’univers tout entier, nous pourrons donner libre cours à notre infini désir de barbarie. Par la fenêtre ouverte sur la colline, je devine le passage des oiseaux de mer aux cris perçants qu’ils poussent en volant au-dessus des terres. Espèce à l’opposé de la nôtre : elle ignore la cage. Pendant que je courais tout à l’heure, je me suis arrêté pour prendre une photographie. Je ne voulais pas oublier trop vite la vue merveilleuse que l’on a de cet endroit (dans le virage du Marégraphe) sur la baie de Marseille, la lumière impeccable, la transparence de l’eau, la perfection de îles, tout ce bleu que je ne puis pas tout à fait m’empêcher de considérer comme une preuve de la vérité. Laquelle ? Reste à le savoir. À moins que le bleu, et plus généralement que la couleur soit une vérité que nous ne comprenons pas, ne comprenons plus, que nos ancêtres peut-être ont compris, certains artistes, aussi (Cézanne, Godard).

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