28.5.22

Si seulement je parvenais à surmonter mon impossible paresse. J’ai chaud. Mais ceci n’a rien à voir avec cela. Dans le livre que, sans trop savoir pourquoi, j’ai pris cette nuit dans la bibliothèque, je redécouvre l’écriture de maman. Elle avait 20 ans. Qu’est-ce qu’attend de la vie une jeune femme qui, au milieu des années 1960, lit Il mestiere di vivere de Cesare Pavese ? C’était à Sienne. 1965. C’est écrit de sa main. Qu’est-ce qu’elle aura accompli de ses désirs ? Est-ce que moi, je fus l’accomplissement de l’un de ses désirs ? Ou simplement quelque chose qui arrive ? Si je n’étais pas si incorrigiblement paresseux, je ferais quelque chose, je ferais un effort, mais non, je n’en suis pas capable. Je n’en suis plus capable ? Il fait affreusement chaud. Le visage me brûle. Je me sens lourd. Je repose le livre que je feuillette sans grande conviction, sans réelle énergie depuis quelques minutes. Cette fois non plus, je n’en ferai rien. Je ne ferai plus jamais rien. C’est décidé. Il fait trop chaud pour faire quoi que ce soit. Il fait trop chaud pour les décisions. Il fait trop chaud pour tout, pour n’importe quoi. Depuis quelques heures, le vent s’est levé. L’air est sec. Il semble couper. Accentue la sensation à peine supportable que le monde est dur. J’ai baissé le grand volet du côté de l’appartement qui donne sur la mer, ouvert la fenêtre qui donne sur la colline. Créant ainsi un courant d’air. À présent, dans ce courant d’air, je pourrais presque me plaindre d’avoir froid. Frisonne en tout cas. Est-ce que j’attends encore quelque chose de la vie ? Je ne le crois pas. Mais est-ce moi qui, disant cela, parle ? Je ne le crois pas. Mais qui alors qui ? Personne ne répond. Oublions.