L’expérience de la nullité. Tu peux la voir de l’intérieur vers l’extérieur et te la représenter comme une expression de ton aigreur ou de l’extérieur vers l’intérieur et te la représenter comme l’impulsion qui te pousse à chercher un refuge. C’est une mauvaise métaphore, en effet, mais c’est celle qui m’est venue en premier. Même si une manière de géographie se dessine ainsi qui veut peut-être dire quelque chose. Ou rien du tout. Le monde est terrifiant. Je cherche un refuge. Est-ce lâche ? Qu’est-ce que ça peut faire ? Dans le carnet que je viens d’ouvrir (un carnet dans lequel j’avais commencé d’écrire pour le refermer et l’oublier temporairement), outre des réflexions sur l’expérience de la nullité (mais différentes de celles que je viens de consigner par écrit ici), je remarque des notations. La vérité qu’il faut que tu entendes : tu ne peux pas être de la culture. Étant donné ce qu’est désormais la culture, il faut que tu résistes à la culture, à l’art. Il faut que tu deviennes autre chose, que tu l’inventes, que tu commences par l’inventer, que tu sois ailleurs, dans un autre monde. Exhortations, ai-je envie d’ajouter à présent, en commentaire. (…) Une histoire : un homme s’installe dans un palazzo napolitain décrépit. Dans la cour, il aperçoit une horloge. Il essaie de la remettre en marche. Mais tout s’y oppose. Il n’y parviendra pas. À la ligne. Celui qui n’est pas de son temps est obsolète ou posthume. À la ligne. Effet de retard : c’est celui qui est obsolète qui apparaît comme contemporain à son époque cependant que celui qui est posthume, son époque n’a pas encore d’usage à en faire — ne le peut pas encore parce qu’elle ne le sait pas encore. Pas envie d’aller à la ligne. Je forme un bloc cohérent ou incohérent. Et ensuite, je me tais.
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