31.1.21

Le jeu en vaut-il la chandelle ? me demande mon horoscope du jour. Question à laquelle je ne sais que répondre parce que je ne sais comment y répondre, ne sais quel sens donner à l’expression, si donner du sens à l’expression, c’est commencer d’y répondre ou si poser des questions en ces termes, c’est simplement se donner les moyens de ne pas y répondre, de ne répondre à rien, d’être voué au silence, comme d’aucuns aux Gémonies. Les mots tout faits pour ne pas trouver les siens. Pris entre le complot et la terreur comme entre le marteau et l’enclume, mais qui est le marteau et qui est l’enclume ? Est-ce que le marteau en vaut le jeu et la chandelle, l’enclume ? Comment répondre à la moindre question sans ouvrir des gouffres de perplexité, le sol venant de se dérober sous nos pieds ? Dehors, je les entends par la fenêtre ouverte, deux femmes éclatent de rire. Dans un roman, le personnage penserait qu’on se moque de lui, mais les personnages de roman sont des imbéciles. Mon héros à moi, lui, le héros que je suis, considère le ciel et, bleu, décide de sortir de chez lui. Marche quelques kilomètres, autant à l’aller qu’au retour (3+3), croise des gens étranges qu’on dirait vivants, rejoins la plage, observe des hommes en maillot de bain (2) qui se baignent, s’assoit sur des rochers et écrit un poème. Soleil éblouissant, ombre froide, l’entredeux de la saison, à la fois hiver et printemps. Fleurissent les mimosas. Dessous du kitsch. Espèce invasive dont la beauté enveloppe le mal.