À peu près rien que du soleil. Je ne me cache pas. Les rayons pénètrent par la baie vitrée ouverte sur la mer un peu trop loin à mon goût mais si visible. Indigo, dit Nelly. Accablé par la bêtise de mes contemporains, hier soir, j’ai signalé leurs tweets. Ce qui me rend à peu près aussi bête que celles dont j’essaie de dénoncer la bêtise. Ce qui ne sert à rien. Entendu. Mais que faire ? Je ne sais pas. Je cherche. Écris de petits poèmes que je copie-colle un peu partout dans l’indifférence générale. Exiger d’être enfermé, soi et puis l’humanité, mais l’humanité surtout, exiger d’être enfermé est plus payant, c’est vrai. Masse de suiveurs. Les gens qui n’aiment rien tant que l’insulte, n’aiment rien tant que se faire insulter. Et le font savoir. Mais moi, je ne peux pas. J’ai beau être conscient que j’incarne mon époque, moi aussi, je ne puis m’y résoudre, m’abandonner complètement à elle. Une universitaire prend en photographie les antidépresseurs qu’elle dit que sa fille avale chaque jour avant d’aller à l’école pour avoir la force d’y aller, et les montre sur internet, dénonçant ainsi l’État fasciste qui les a vu naître, sa fille et elle, lequel tolère cependant qu’on lui crache dessus à longueur de journée. Alors, mais pas tant par esprit de contradiction que pour savoir vraiment, à son réveil, je demande à Daphné ce qu’elle pense, comment elle se sent. Bien, dit-elle. Doit-on se sentir coupable d’aimer sa vie ? Est-on innocent quand on la déteste ? Ce n’est pas ce que je veux apprendre à Daphné. Nous nous parlons. Son émancipation est la mienne. Façon de dire que mon émancipation passe par la sienne. Et tous ceux qui ne veulent pas émanciper leurs filles ? Je pourrais faire comme s’ils n’existaient pas. Mais je hais l’hypocrisie. Comme il m’arrive de me haïr. De haïr ce monde qui, depuis des millénaires, tolère tant de bêtise.

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