26.4.21

Hygiène ce matin. De fond en comble : ménage dans l’appartement, 10 kilomètres de course et puis gainage. J’ai une idée de la personne que je voudrais être, une idée très précise à en juger par l’apparence de cet être qui n’existe pas encore, mais que je vois pourtant se dessiner en imagination. Des couleurs, ou leur absence plutôt, des formes, des matières. Du noir et du blanc, à l’automne et en hiver. Pour le printemps et l’été, je ne sais pas encore. Quelque chose de sobre où dominerait le bleu mer. N’est-il pas fascinant de pouvoir s’inventer une personnalité rien que par son extérieur : la ligne de sa silhouette, sa tenue vestimentaire ? Et de savoir exactement ce qu’il faut pour passer de cette irréalité du possible à son actualisation dans le monde réel : de la détermination et de l’énergie. Certes, mais tout cela (toute cette énergie et toute cette détermination), tout cela ne serait rien sans le langage et la culture qui les précèdent, qui leur donnent un sens, une raison d’être. Les animaux sont les ouailles idéales : ils ne parlent pas. Qui les sauve, s’assure par là même le confort sans faille du rédempteur éternel : jamais ces petits paroissiens n’auront l’outrecuidance de venir se plaindre du sort à eux réservé par le salut qu’on leur aura imposé. Pas comme l’humanité, de nature si ingrate qu’après qu’on lui eut montré le moyen de mettre un terme à l’exploitation des êtres humains par eux-mêmes se leva comme un seul homme pour réclamer le rétablissement de cette exploitation au nom du droit à la jouissance que lui procure une consommation sans fin. Genre de phénomènes qui se produisent généralement quand on élabore une politique non pas à partir de l’intelligence des êtres mais à partir de leurs névroses, quand on inscrit le péché (sécularisé ou non, il est identique à lui-même) au cœur de sa conception du monde et la jouissance infinie qu’on escompte par la transgression, par la commission du mal. Enfants qui ne veulent pas grandir parce qu’ils sont terrifiés à l’idée de vieillir. Idée de la mort.