4.5.21

Comme il y a peu de chances que l’énergie ne se consume, essayer de la brûler à quelque chose de bon. Écrire pour tenter d’échapper à son épuisement ou du moins le retarder plus longtemps. Aussi longtemps que possible. Toujours pas trouvé cependant le motif de la grande œuvre. Quelquefois il me semble que je ne cherche même pas ou que je ne cherche pas comme il faudrait tentant bien bêtement de trouver la grande idée avant d’avoir ouvert le cahier. (Façon de parler). Je dis « écrire » mais je pourrais dire n’importe quoi. Depuis quelques jours (est-ce l’effet du printemps sur moi ?) je pense que je voudrais peindre. Je vois fermant les yeux ou pas de grandes toiles blanches où se poseraient des couleurs vives, plus ou moins primaires, formes nettes dans une clarté légère. Mais si je jouissais d’un quelconque sens pratique je n’écrirais pas. Je ne résous pas les problèmes. Ils se dissolvent. Ou bien je les oublie. Ou bien le monde passe à autre chose. Ainsi vont les choses. Même s’il peut sembler qu’elles aillent sans moi. Mais où ? Aucune réponse à la question. Il n’en faut pas. Est-ce bien une question ? Sans doute pas. Quand je regarde comment vont les choses qui savent ou dont on sait où elles vont je n’ai pas envie d’y participer. Tout au contraire. Mais sans me replier sur moi-même. Sans m’enfermer dans je ne sais trop quoi je ne sais trop où. Déployer une autre force. Plus vivante. Pour une vie plus vivable. Réconforter l’enfant quand elle en exprime le besoin. Existe-t-il meilleure façon de prendre soin du monde ? Me confondre dans la chaleur qui fait pousser les fleurs à l’angle des murs qui délimitent les chemins. Je lève la tête vers la colline roche dans un ciel bleu quelque peu voilé. Envie de m’y envoyer promener.