Onze mars deux mille vingt-quatre.

Oui. — Le sens de la vie consiste en ceci : découvrir quelque chose que l’on puisse faire tous les jours qu’il nous est donné de vivre jusqu’à notre mort, et le faire. Le sens de la vie consiste à répondre sans tricher ni se mentir à soi-même : « Oui » à la question : « Mais tu te vois faire ça jusqu’à la fin de tes jours ? » Oui. Le sens de la vie est une affirmation. Le sens de la vie est un oui. Le sens de la vie est une détermination — d’aucuns diraient « une foi », mais point n’est besoin de transcendance pour donner un sens à sa vie —, le sens de la vie est une discipline — d’aucuns diraient « un rituel », mais point n’est besoin de transcendance pour donner un sens à sa vie. Le sens de la vie n’est pas approbation, mais affirmation, le sens de la vie ne dit pas « oui » à tout, il est la découverte de ce à quoi je puis dire oui à l’infini. Le sens de la vie est affirmation infinie, affirmation de l’infini. Le sens de la vie est un « oui » inconditionnel apporté en réponse à la question posée par Nietzsche : « Voudrais-tu de ceci encore une fois et d’innombrables fois ? » (Le gai savoir, § 341.) Oui. Le sens de la vie lie ainsi ensemble le cercle microcosmique de la répétition quotidienne du même et le cercle macrocosmique de l’éternel retour du même et, dans le bouclage de cette boucle infinie, le sens de la vie ne cesse de dire « oui ». Le sens de la vie n’identifie pas le microcosme et le macrocosme, il les relie l’un à l’autre dans la spirale de toute existence. Le sens de la vie ne fait pas de mystère, il est clair, il n’exige rien d’autre que cette vie-ci pour se mettre en œuvre et devenir réel. Et, chaque jour, le monde est réinventé. Oui.