14.2.17
(Treize ans aujourd’hui.)
Hier, premier rayon de soleil depuis je ne sais plus quand, et comme à chaque fois que l’épais nuage toxique semble se dissiper un peu, je pense au brouillard d’otites dans lequel a dû baigner l’enfant amiénois que j’ai été par la force des choses (je ne me souviens que des drains, des anesthésies, des interdictions de mettre la tête sous l’eau à la plage, l’été, interdictions qui étaient comme des peines de prison à perpétuité pour un enfant de cinq ans, peut-être, moins de sept, assurément), le même brouillard que Daphné risque de traverser, elle aussi, aujourd’hui.
Sauf que c’est faux, le brouillard ne se dissipe pas : après la pluie, vient la pollution.
Envie de sud. Envie d’espace.
Aussi : suis allé courir. Sept minuscules kilomètres, même pas. Première fois depuis trois mois, au moins. Tu crois que comme tu as arrêté de fumer, tout va être plus facile, plus léger, plus souple. Non : le corps n’est que nœuds, boules, pointes, qu’une masse inerte qu’il faut s’efforcer de bouger, à défaut de la mettre effectivement en mouvement. C’est si lourd, un corps. Oh, en fait, non, ce n’est pas vraiment le soleil. C’est surtout la remarque de GC [AS], dimanche — microblessure narcissique. Dieu, que je suis orgueilleux !
Paradoxe du progrès. — Tout le monde sait très bien ce qu’il ne veut pas, mais personne ne sait vraiment ce qu’il veut.