15.2.17
Dans le rêve que j’ai fait la nuit dernière, je rencontrais Kamel Daoud qui me proposait d’écrire un livre avec Jacques Attali et lui. J’acceptais avec plaisir et nous convenions lui et moi de nous retrouver un peu plus tard pour élaborer le plan de l’ouvrage. Entretemps, je rejoignis un poète qui portait blouson de cuir marron et chemise ouverte sur la poitrine avec lequel je devais participer à une lecture, mais je le trouvai tellement insupportable (ses manières, son allure, sa façon de me parler, l’impression qu’il me donnait d’être persuadé qu’il valait mieux que moi et qu’il me faisait une fleur en me laissant participer à cette lecture) que je décidai de rejoindre directement Kamel Daoud. Le poète s’en plaignit, mais je lui répondis que ce n’était pas grave : les poètes ont l’habitude de se plaindre. Ensuite, au lieu où j’aurais dû rejoindre Kamel Daoud et au lieu de le rejoindre, je me trouvai dans un amphithéâtre où était assise une obèse femme brune qui portait une robe de princesse bleue claire. La vue m’en était parfaitement répugnante et je commençais de m’impatienter quand je m’aperçus que sa sœur jumelle, identique en tous points à elle, y compris le costume ridicule dont l’autre était affublée, se trouvait à côté de moi et voulait me dire quelque chose. Je ne lui en laissai pas le temps et quittai l’amphithéâtre, puis me réveillai. Nota bene. — Je ne sais pas si c’est le même rêve.
Traduit trente pages des araignées. Me suis posé la question de savoir pourquoi les gens pouvaient bien vouloir lire ce genre de littérature alors qu’il me semble qu’il vaut mieux regarder un film, du moins, moi, si je devais choisir entre les deux, je ne lirais pas ce genre de livres, mais je regarderais un film ou une série (ces derniers temps, avec Nelly, nous avons revu des épisodes de The X-Files, dont l’univers ne me semble pas très éloigné de celui des araignées). Mais je n’ai aucun mépris. Sinon, évidemment, je ne traduirai pas le livre. Je trouve au contraire l’exercice de style passionnant, aux antipodes de ce que je fais quand j’écris, sans pour autant que ce soit un antidote : je ne vais pas abandonner mes fictions pour m’adonner à la science-fiction, mais il n’est pas impossible non plus que cela exerce une influence sur ce que j’écris. (Pense notamment à la narration hystérique qui accumule les clichés pour qu’il se passe toujours quelque chose sans toutefois perturber le rythme de la lecture.)
Il est très difficile, sans doute, de trouver sa place au monde. Il l’est encore plus de ne pas la trouver et de s’apercevoir qu’on n’en a pas parce qu’elle se trouve dans un monde qui n’existe pas encore.