Deuxième année consécutive que je ne me réveille pas avec la gueule de bois. L’année dernière, pour dire toute la vérité, j’étais malade. Mais cette année, je n’ai tout simplement pas bu une goutte d’alcool. Impossible de faire plus sobre. On pourrait dire que je vieillis — ce qui ne pourrait malheureusement pas être plus vrai —, mais c’est surtout que l’idée de boire me dégoûte. Oh pour boire, j’ai bu. Je boirai encore, un jour ou l’autre. C’est sûr. C’est moins l’idée de boire en fait que de faire la même chose que tout le monde, que ce qu’on attend de tout le monde. Fêter. Oh fêter, quelle idée stupide ! D’où l’absence de la moindre goutte. Suite logique. Temporaire, au moins. Tout comme me dégoûtent le nombre et la vulgarité qui l’accompagne, le culte de la quantité — classer ce qui se vend le plus et, ajouter à cette grossière manière, le goût douteux de dire combien ; dénombrer le nombre de suiveurs (followers en français dans le texte) et flatter ceux qui en ont le plus. Et caetera. N’est-ce pas tout bonnement répugnant ? C’est comme une plage bondée en été, les corps graisseux couverts de sueur qui passent les plus chaudes heures de la journée entassés les uns sur les autres — et ils appellent ça, des vacances. Je sais que je vieillis (c’est une loi universelle de la nature), mais je me souviens encore d’un temps pas si lointain quand être un suiveur était connoté négativement, quand être un suiveur, c’était être un mouton, un animal grégaire, une petite bête que l’on fait paître avant de la tondre. Quand est-ce qu’être un mouton est devenu une qualité ? Oh, je sais bien qu’entre l’alcool et la théorie quantitative de l’humanité, le lien peut paraître tiré par les cheveux, mais ce sont deux aspects d’un même tableau que je perçois par flashs (pour ainsi dire) — la dissolution de l’individu et de son individualité.
Fais ce que tu veux mais pense avant un peu.
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