Comment la vie peut-elle être si parfaite et si pourrie à la fois (simultanément) ? C’est ma grande énigme du moment.
Je ne pense pas qu’il y ait une réponse, une et une seule réponse univoque. C’est peut-être pour cette raison que cette question est ma grande énigme du moment, parce qu’en un sens la meilleure réponse revient à dire que c’est comme ça, c’est tout, il n’y a pas de raisons, il faut vivre avec. Sauf que ce n’est pas une réponse du tout, ce n’est qu’une dissolution du problème dans le néant supposé de l’existence.
Les gens qui t’adressent leurs « amicales pensées » après avoir détruit un an de travail peuvent-ils vraiment être considérés comme des amis ? Pensent-ils seulement ?
En un autre sens, tu pourrais aussi bien penser qu’il faut simplement te débarrasser de la pourriture de la vie, passer à autre chose, digérer, ravaler ta haine, tes angoisses. Or, reconnaître que la vie est pourrie, cela a un sens, aussi. Tu ne peux pas accepter l’hypocrisie antisociale, le mépris, la distance, sans rien dire, sans rien faire, simplement parce qu’il faudrait jouer le jeu, parce qu’il y aurait des codes à respecter. Et ne pas voir que le microcosme est une image du macrocosme.
Travaille sans grande conviction — comment pourrais-je en avoir ? — à la traduction des araignées. Quelques pages, pas plus. Mais je sais ce que j’ai à faire. Et je fais ce que j’ai à faire. C’est la moindre des choses. Ensuite, ménage dans tout l’appartement, douche et puis promenade, grande boucle pour rentrer à la maison. Ciel laiteux troué de bandes bleues qui apparaissent par endroits en retrait, par soustraction de l’espace.
Hier, au bord de la mer, plage de la Pointe rouge, Daphné les pieds dans l’eau, le monde était exactement comme il devait être.
Je n’arrêterai pas d’écrire, non. Il faut que je trouve comment continuer.
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