5.9.18

La vérité, c’est que personne n’aime la vérité. Il n’y a guère que quelques fous, quelques poètes, quelques philosophes, et pas tous encore, elles sont une minorité, la plupart préférant s’enfermer dans le dogme, le système, la foi absurde, l’école, qui la supportent. Personne n’aime la vérité. Tout le monde veut des certitudes, des faits, du définitif, des paroles qui rassurent, quelque chose à quoi se raccrocher en cas de coup dur mais qu’on oublie le reste du temps. Alors que la vérité, c’est avant tout une phrase sur soi, cruelle, dure, qui coupe. Pas une romance qui se joue sur une autre scène. Oh, c’est si beau, le réel, si beau, le monde, c’est proche de nous, il nous touche sans nous pénétrer, on peut mettre les pieds dedans, le saisir à bras le corps, comme on le ferait avec une chose finalement étrangère. Et c’est là, bien sûr, que la vérité serait à laquelle on pourrait ou ne pourrait pas accéder. Bavardage. Personne n’aime la vérité. Tout le monde veut de l’ordre. Ou du désordre. Tout et son contraire. Rien. Personne n’aime la vérité parce que la vérité, ce sont des phrases. Pour qui veut la vérité, elle ne cesse jamais. Pas de repos. Pas de retraite muette où se découvrirait le secret. Pas de vide astral. Pas de profondeur abyssale. Affaire de langage. Affaire avec le langage. Suave qui veut la vérité.

Pourquoi ?

Il est bon de ne pas savoir répondre aux questions que l’on se pose, l’espace et le temps s’ouvrent alors devant soi, formes indéterminées, pas des formes du tout par conséquent, lacunes qui n’ont pas tant besoin d’être comblées que d’être pensées en tant que telles. Une question sans réponse se retourne vers nous, nous regarde et de son long doigt courbe et point au bout parcourt les rides qu’elle fait naître sur notre visage, rides de concentration, sans âge.

Imagine écrire mais ne pas changer un mot à l’histoire. (Ennui médiocre.)

Une fleur sans fleurs.

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