7.9.18

Soleil couchant. Entre les îles et moi, un bateau rouge traverse l’écran, passe, qui part pour la Corse. Moi, j’en viens. Il paraît. Pour partie. Seulement. Tout à l’heure, en passant la pièce, comme on dit ici, pour nettoyer les traces des expérimentations picturales que Daphné avait laissées sur le sol, je me suis dit les gonzesses c’est plus ce que c’était, si mon arrière-grand-père me voyait il se retournerait dans sa tombe. J’ai regardé le kit balai à franges seau-essoreur SuperMocio rouge de chez Vileda et j’ai pensé que c’était peut-être mieux comme ça, c’est-à-dire : que l’humanité en soit arrivée là. Après tout, c’est vrai, moi, qu’est-ce que je fais de mieux que le ménage ? Quelques litres d’eau, deux bouchons de savon noir, un peu de transpiration, et puis ça rutile. Mes mâles aïeux corses, qu’auraient-ils pensé de moi ? Je ne sais pas. Peut-être qu’ils n’auraient rien pensé du tout. Peut-être qu’ils ne pensaient pas du tout. C’est probable. Je regarde le soleil rouge, les yeux à peine ouverts. Fentes pour deviner quelque chose entre le lointain et moi. L’horizon disparaît aussi dans l’aveuglement. Tu vois, me dis-je, tu vois que tu ne peux pas vraiment croire au déclin. Toi, par exemple, tu es un progrès. C’est vrai. Pour l’humanité.

Du vin et des poèmes. Le ciel bleu et le soleil rouge.

Avant tu pouvais raconter des histoires du genre dans une ville il y avait deux boulangers et défendre à la fin la supériorité d’une morale édifiante sur tout le reste mais aujourd’hui il y a trois cent trente trois millions de boulangers dont un seul qui détient la majorité des parts de marché et c’est vrai que la très grande majorité des autres boulangers sont des génies mais personne n’en a rien à foutre et de toute façon quand tu regardes les vitrines de leurs boulangeries à force tu as envie de vomir tellement il y en a.

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