2.11.18

Notre époque a le génie facile. Si facile qu’on en compte probablement autant que l’air pur et les terres inviolées.

Parfois, quand j’ai honte de ce que je cherche sur Google — quelqu’un que je pressens être un écrivain mauvais, ou un chanteur nul, ou quelqu’un comme ça —, je passe en navigation privée, comme pour ne pas me souvenir que j’ai cherché un jour cette personne-là, comme pour être sûr que son nom sera définitivement effacé de ma mémoire, qu’il n’en restera rien, jamais, comme pour me préserver de moi-même, enfin, de moi-même, non, de mon époque, qu’elle ne me contamine pas plus encore, qu’elle me laisse être un peu moi-même tout de même, un tout petit peu. Je pourrais peut-être ne pas lancer de recherche, mais il faut que je sache : qui sont ces inconnus de moi connus des autres ?, mais il ne faut pas que je m’en souvienne, sinon ils deviendraient connus de moi aussi. Et ça, c’est impossible. Dangereux. Nocif. Virus qui se répand et prend possession de ton esprit. L’efface pour en implanter un autre.

Shadowbanned (mot du jour, lexique postmoderne).

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