29.12.18

Deux poèmes sur la route aujourd’hui. Entre Toulon et Marseille, au crépuscule. C’est Nelly qui conduit. À l’arrière, Daphné s’endort. Moi, j’écris. Sur mon téléphone portable. Même si je n’en ai pas conscience sur le moment, si je n’y pense qu’après coup, la virée nocturne de Tony Smith sur une autoroute du New Jersey m’accompagne. L’expérience de l’autoroute est une expérience universelle. Tout le monde peut la faire. Sur la route, Tony Smith fit l’expérience de la fin de l’art. Son achèvement. C’est une expérience magnifique. Écrire sur son téléphone portable à l’arrière d’une voiture sur une autoroute cependant que le monde disparaît, aspiré par le noir de l’asphalte, aspiré par le noir de la nuit, le noir. À présent que j’y pense, même si une partie de moi semble trouver cette idée assez étrange, il me semble que c’est ainsi que je puis la dire au mieux, cette expérience est une expérience du bonheur.

XV.

Nuit contre la vitre
la lumière derrière la vitre s’estompe avant de disparaître
aura orange
noir dessous la ligne d’horizon
bleu jusques aux cieux avant de revenir à zéro
il fait chaud dans l’habitacle
on pourrait dormir
si je pose le front contre la nuit
je sens le froid
contre le chaud de mes joues
je les imagine rouges
mais n’en sais rien
peut-être que je rêve
tout simplement
que le monde n’existe pas
que je n’existe pas
qu’il n’y a pas de tout
pas de confusion
il fait chaud dans l’habitacle
on pourrait dormir.

XVI.

Phares de nuit
rouge et blanc
le sens s’inverse
hémisphères de mon cerveau
ou de l’asphalte
garde les pieds sur terre
et la tête
dans les nuages
l’enfant dort à côté.

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