C’est peut-être parce que j’ai régularisé ma situation avec le CNL ou que, du moins, j’ai franchi une grande étape en ce sens en leur adressant le manuscrit du livre qui n’existait pas, mais ce matin, au moment de m’adonner à ma routine obsessionnelle (quasi) quotidienne, je me suis entendu me dire à moi-même : Ah non, je n’ai pas envie, c’est du passé, j’ai envie de passer à autre chose, je n’ai pas envie de penser à ça — où ça désigne, voudrais-je préciser à la manière des variables dans les équations mathématiques, la Vie sociale. Non que je renie quoi que ce soit, non que je ne renie ce texte à proprement parler — c’est toujours ce que je pense avoir fait écrit de mieux —, mais je n’ai plus envie d’y penser. Je l’ai adressé à une dizaine d’éditeurs, tous l’ont refusé, je ne vois pas ce que je peux faire de plus. L’envoyer à plus d’éditeurs ? Oui, sans doute. Même si, à un moment où un autre, se posera la question de l’intelligence de la démarche, publier un livre pour le publier, est-ce que ça a du sens ? Si je n’ai rien à dire à l’éditeur qui pourrait vouloir le publier, ce serait comme jeter le texte, le passer par-dessus bord, m’en débarrasser, ce dont je n’ai pas envie. Plus qu’un éditeur, il faudrait quelqu’un à qui parler en intelligence. Mais est-ce que ça existe ? Bref, ce matin, ce que je me suis dit, c’était presque inconscient ; je ne m’attendais pas à une réaction comme celle-là de ma part. Preuve que je me surprends encore. Ce qui est bien. Oui, très bien. Je suis donc prêt à faire quelque chose d’autre. À passer à autre chose. Tant pis pour la Vie sociale — le texte est là, il existe, qui en voudra s’en emparera (ou pas). De fait, je suis déjà passé à autre, mais il fallait en quelque sorte que j’enregistre ce fait. Que je le consigne. C’est chose faite. Tout est pour le mieux. Non, n’exagérons rien. Mais j’ai des idées. Trois, quatre idées de livres. Je ne peux plus les laisser tomber au prétexte que le livre que j’ai écrit précédemment n’est pas publié. C’est devenu un poids mort. Et puis, j’ai envie de faire encore mieux. J’y travaille. Hier soir, c’est ce que je me suis dit, d’ailleurs : Travaille. Que tu vives ou que tu meures, travaille. Écris.
Gris. Pluie. Ciel bas. D’ici, de la fenêtre en face du bureau où j’écris, où je me trouve, on ne voit pas la colline. En regardant par la baie vitrée, ce matin, on ne voyait pas la mer. Maintenant un peu. Mais les nuages arrivent par colline (proposition d’expérience — est-ce toujours / vraiment le cas ? je ne sais pas). Pas un temps à mettre un Marseillais dehors, quoi. Du coup, qu’est-ce que j’ai fait ? Eh bien, je suis allé courir. Est-ce qu’il y a vraiment un lien de causalité ? Oui. J’imagine que oui. Histoire de ne jamais faire comme tout le monde. Sans même vraiment le faire exprès. Simplement comme ça. Spontanément. 5 kilomètres. Difficile d’aller vite. Il y avait du vent aussi. De plus en plus en fort en approchant de la mer. Et moi, je cours en direction de la mer. Mais vite, ce n’est pas le but. Quel est le but de courir ? Courir. Et, qu’il faut aimer passionnément certaines tautologies.
Fiches. — Inauguration du « répertoire » aujourd’hui. 3 fiches pour commencer.
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