Lire les informations — expérience de l’ensevelissement. (Les regarder, les voir, les entendre ; c’est pareil.) Innombrables opinions qui recouvrent les éventuels faits qu’on pourrait s’attendre à trouver dans un journal. En fait de faits, ne restent guère plus que quelques anecdotes un peu secondaires, comme celle-ci : LE BRAQUEUR DU LIDL N’AVAIT QU’UN BRAS. Mais c’est la réalité aussi, n’est-ce pas ? C’est ce qu’on raconte, oui. Il se passe dans la culture ce qu’il se passe dans la cuisine. Là où il ne devrait y avoir que des aliments frais et sains à cuisiner soi-même, on trouve principalement des produits emballés sous vide, plein de conservateurs et de colorants, qui font grossir et rendent malades. Et, bien qu’on le sache, on continue à produire, vendre et consommer en masse ces anomalies culinaires. Il suffit de passer devant un fast-food, de respirer le parfum de graisse qui s’en dégage, l’atmosphère nauséabonde, le climat de laideur qu’il installe plusieurs mètres à la ronde, pour percevoir l’énormité du monde dans lequel nous vivons. Civilisation du trop. Pour ne pas dire : Civilisation de trop.
Le chemin des écoliers que j’emprunte pur aller chercher Daphné où se jouxtent un immeuble à l’abandon, délabré, volontairement saccagé, et un de ces fast-foods qui servent à manger toute la journée.
Gris aujourd’hui.
Lecteur chaotique en ce moment. Une semaine que je n’ai pas ouvert les Mémoires de Saint-Simon. Je lis le Phèdre à doses homéopathiques. Et puis Tortel, Albiach, Tarting. Quelque chose de familier et de lointain dans ces écritures-là. Je ne saurais dire quoi au juste. Chaque fois que j’en lis, je ressens quelque chose de cet ordre, quelque chose qui n’appelle pas une réponse linéaire, prosaïque, si j’ose dire, mais une réponse qui serait plutôt une réponse proprement poétique. Est-ce pour cette raison que j’écris des poèmes (souviens-toi de ta gêne, la semaine dernière, au moment de dire à Didier que tu écrivais de la poésie, ce que tu as appelé, pour lui en parler, de la non-prose) ? Pour répondre aux poèmes. Eh bien, non. J’ai commencé d’écrire en écrivant des poèmes. Et puis, ensuite, j’ai écrit autre chose. Voilà. C’est donc quelque chose à quoi, en fait, pour le dire bien, je reviens.
Feu ou bien feuille, fleur ou fleuve.
Une lettre changée recommence le monde.
Exactement.
— Jean Tortel
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.