Est-ce vraiment une bonne idée de parler de la mort avec une boulangère à qui on vient acheter le pain ?
À quoi faut-il prêter attention ? Difficile de répondre. À moins que nous ne prêtions pas attention aux choses, à moins que ce ne soient les choses elles-mêmes qui nous prêtent l’attention que nous leur portons ? Est-ce qu’à un certain moment — disons : au bout d’un certain temps —, on oublie certaines choses, on n’y fait plus attention, comme le ciel bleu au-dessus de nos têtes, parce qu’on a le sentiment que c’est quelque chose de banal, qui va de soi ? J’aimais bien le petit bac à sable du Jardins des grands explorateurs, au bout du boulevard du Montparnasse. Peut-on le comparer avec la plage d’hiver où nous avons passé une partie de l’après-midi à jouer avec Daphné ? Probablement pas. Mais alors pourquoi est-ce je rapproche les deux ? C’est la même chose, le même contexte, le même jeu, et pourtant tout est si différent, à cause du seul ciel bleu. Le ciel bleu ne doit pas te faire accroire pour autant que les choses sont plus faciles ici, c’est tout le contraire sans doute, mais je ne pourrai pas nier que j’ai le sentiment de me tenir plus près de la vie ici qu’à Paris. La vie, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Et se tenir plus près de la vie ? Est-ce un lieu, la vie ? Se trouve-t-elle quelque part, la vie ? À moins que tu n’aies la sensation d’être plus en vie ici que là-bas. Question d’atmosphère, de climat. Peut-on se poser d’autres questions que celles-là ? Quand on se pose d’autres questions que celles-là, quelles questions se pose-t-on ? Des questions qui portent sur l’être, la nature des choses, un quelque chose invariable, qui ne change pas, précisément, en fonction du temps qu’il fait, et sur quoi tu n’as absolument aucune influence. Tandis que, je crois, tout change en fonction du temps qu’il fait, et ce qui est susceptible de ne pas trop changer, de durer, d’être plus dur que le temps qui fait que tout change tout le temps, c’est toi qui dois le faire. Plus fragile que l’être, oui, évidemment, — plus près de la vie, aussi.
Cartographie du ciel bleu. — Tu crois saisir un bleu pur et tu aperçois après coup un oiseau dans le champ.
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