21.5.19

J’ai observé l’univers autour de moi, et je me suis demandé si c’était une blague ou si c’était sérieux. Évidemment, devant l’univers, le premier réflexe, c’est de le prendre au sérieux. Tout d’abord, se dit-on, si c’est là, ce doit être pour une bonne raison. Mais laquelle ? C’est précisément ce qu’il faut découvrir. Dans cette recherche, ou bien on trouve une raison, n’importe laquelle, même une raison inventée, une raison qui nous satisfasse, et alors on est apaisé ; ou bien on n’y parvient pas, pas vraiment, pas du tout, ça dépend, et alors on sombre dans la dépression, la folie, le cynisme, la dérision ultime, dérision de la dérision, et caetera. Toutefois, si l’on y réfléchit, les choses ne sont peut-être pas si sérieuses qu’elles en ont l’air — l’air qu’elles ont, n’est-ce pas avant tout l’air qu’on leur donne ? On voit une chose, on se dit tiens, cette chose est un xet après on voit une deuxième chose qui ressemble à la première et on se dit, tiens c’est un autre x, et on construit au fur et à mesure de nos rencontres avec les choses tout un petit système, tout une petite mécanique de l’être bien huilée, qui tourne bien, vite, de plus en plus vite, jusqu’au jour où quelqu’un regarde les choses comme elles sont et se dit non mais c’est n’importe quoi ? D’ailleurs, si on y réfléchit bien, n’est-ce pas là, la seule réponse valable, sinon possible, à la question pourquoi y a-t-il quelque chose plus tôt que rien ? Chercher des raisons est le meilleur moyen d’en trouver. Alors que ce n’est pas la peine. D’abord, parce qu’il n’y a peut-être pas de raisons. Ce n’est pas parce qu’on en trouve une que c’est une bonne raison, encore moins la bonne raison. Ensuite, parce que cette recherche des raisons n’apaisera jamais que ceux-là qui sont faits pour être apaisés, qui ont un besoin énorme d’apaisement. Insatiable. Les autres. Bon, les autres, à vrai dire, pour la plupart, les autres s’en foutent. Mais les autres autres, la minorité — tous les minorités de uns qui observent l’univers autour d’eux et se demandent si c’est sérieux ou si c’est une blague —, eux, qu’est-ce qui est en mesure de les apaiser ? Il n’y a guère qu’un oubli forcé. Auquel on se contraint parce qu’il faut bien continuer à vivre, malgré tout, on ne peut pas rester planté là à hésiter ad vitam aeternam — est-ce que c’est sérieux ou est-ce que c’est une blague ? Peut-être que c’est les deux, qu’est-ce que j’en sais, moi ?

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