Ce matin, quand le réveil a sonné et que je me suis éveillé, je ne savais pas si j’avais dormi ou non, j’avais un doute, en tout cas je me suis dit : une chose est sûre, si j’ai dormi, j’ai mal dormi, mais je crois que j’ai dormi, mais alors est-ce que j’ai mal dormi à cause du réveil que j’avais mis la veille avant de m’endormir, lequel aurait lui-même causé une forme d’angoisse me faisant mal dormir ? Peut-être. Peut-être pas. Oui, l’un ne va pas sans l’autre. Quoi qu’il en soit, tant bien que mal, je me suis levé, j’ai pris les affaires que je devais prendre, j’ai mis le café sur le feu et moi au travail, jusqu’à ce que Nelly et Daphné se lèvent à leur tour, après quoi, je me suis remis à travailler, jusqu’à ce que j’aille courir. Je ne sais pas si c’est une bonne idée de se réveiller à 6 heures du matin pour travailler chez soi (à 6 h 15, au plus tard, j’étais à ma table de travail, les yeux s’ouvrant progressivement), peut-être, peut-être pas, peut-être qu’il faudrait que je mette le réveil encore plus tôt, quitte à me coucher plus tôt, le soir, dormir plus tôt, je crois qu’à moi-même c’est mon dessein plus ou moins avoué — changer de rythme, casser le rythme, trouver un rythme, inventer un rythme, découvrir quelque chose de moi du monde que j’ignore, faire quelque chose, non pour le plaisir de faire quelque chose, non pour meubler un espace vide qui aurait besoin d’être meublé, non pour avoir quelque chose à raconter ensuite, non, pour voir ce qu’il se passe dans ce temps autrement vide de moi du matin quand j’y suis alors que d’habitude je n’y suis pas. Je crois que j’ai bien travaillé, que ce n’était pas du temps perdu, ce qui aurait été un comble, me donner du temps en plus pour le perdre en fait, et donc peut-être qu’il y a quelque chose à approfondir, dans ce temps-là, dans cette aurore à venir. Quand je me suis levé, j’ai allumé une lampe dans le salon, il ne faisait pas encore jour tout à fait. Un peu plus tard, je n’en avais plus besoin. C’est un détail anodin, mais qui me semble avoir du sens, travailler avec le jour qui se lève, être là quand le jour se lève, être déjà là, ou être là en même temps que lui, dans une forme de simultanéité dynamique du temps qui passe, qui ne passe ni ne se passe sans moi. Je ne pourrais pas veiller tout le temps, non, mais c’est une expérience que je veux faire.
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