Je traverse un pays baigné de lumière qui plonge dans la mer. Au loin, loin derrière, un mec gueule un truc du genre « T’y as pas de couilles ou quoi ? », mots que je ne comprends pas, ne veux pas comprendre, je le laisse disparaître, dépérir, seul avec lui-même et sa rancœur dans la voix, comme celui qui avait essayé de m’arracher les cheveux, il y a longtemps, en vain. Un autre fait rugir son gros moteur sans égards pour ce qui dépasse les frontières étroites de son véhicule de luxe. Rien de nouveau sous le soleil. Je traverse un pays baigné de lumière qui plonge dans la mer, quitte Gémenos, traverse Roquefort, Cassis, prends la Gineste jusqu’à Marseille. Le ciel pur azur est un paradoxe, rassurant et terrifiant, apaisant et effrayant. Comment peut-on haïr le monde quand un tel ciel existe, là, qui s’offre gratuit au regard de tous ? Mais la réponse, sans doute, est dans la question : le regarde-t-on ? On agit, on s’agite, tout sujet excite, provoque ire et délire, on n’entend rien, ne comprend pas plus, les yeux rivés sur les écrans, que regarde-t-on, que voit-on ? Rien de nouveau sous le soleil. Je traverse un pays baigné de lumière qui plonge dans la mer. Ce que le ciel allume, ce qu’il éclaire de sa lumière exacte quand elle ne laisse aucune ombre, midi, dur et clair, chaud et limpide, reste-t-il une place pour nos doutes sceptiques ? Sur tout le reste, peut-être, mais sur cela, que sous une telle lumière les raisons de haïr le monde s’éteignent, non. Tout est mensonge quand on détourne le regard. Légendes sans histoires. Manies compulsives. Obsessions d’elles-mêmes. Je regarde ce pays que j’aime. Mais je pourrais aimer n’importe quel pays. J’aime tous les pays. Je ne suis pas enraciné ici. Je suis en vie. C’est tout autre. Je respire et pense et écris. J’écrire et pense comme je respire. Tout est nouveau sous le soleil.

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