27.9.20

Est-ce qu’à défaut d’une réponse claire à la question pourquoi est-ce que je vis ? une réponse autre que la réponse pour vivre la vie vaut la peine d’être vécue ? Et puis, qu’est-ce que ça veut dire valoir la peine d’être vécue — est-ce une peine, la vie ? Que, soudain, la question de la vie se pose devrait être un moment formidable, au lieu de quoi, c’est un moment d’une grande tristesse, anxiogène, disent-ils, comme si vivre, c’était minimiser l’angoisse. Daseinogramme plat. But de la vie. Sinon quoi ? Jusqu’à présent, j’ai toujours trouvé des raisons de continuer, et il n’y en a pas que cela change. Elles sont individuelles, pas égoïstes. Si j’étais égoïste, il y a bien longtemps que j’aurais abandonné pour m’adonner à la grande indifférence : pas l’once d’un sens, chacun dans sa bulle, chacun dans sa tête, pas question d’en sortir, sinon pour faire des stocks. Pas comme ça que je pense, pas comme ça que je respire. Parfois, je ne sais pas ce que je fais, il me semble que je suis une victime, impuissante, incapable, comme tout le monde, comme tout le monde, je ne sais pas, ce n’est pas le problème, parfois, j’entrevois une brèche, est-ce moi qui l’ai percée ? était-elle là de toute éternité ? je l’ignore, si j’hésite un instant de plus, je ne la verrais, resterais sur le seuil, profane ignare pour l’éternité.

Pierre à déjeuner. Morue à la génoise. Une journée parfaite.