Thot graphomane (carnet noir) : quelle idylle ?

Quelle idylle ?
je considère le creux
au creux de la paume de ma main
avec une certain gravité
depuis quand sommes-nous là ?
assemblés entassés
qui sait ?
je pourrais ponctuer chacune de mes remarques d’un trait
modulation de la voix
organe de choix
comme un morceau de viande
mais je veux la corde
unique et tendue
vocale comme un sens
érigé dur — dressé
dans le dédale des phrases
prêtes à l’emploi
à l’encontre de quoi
la langue chômeuse
encense la débauche
et l’univers entier
n’as-tu pas cette impression ?
l’univers entier semble en vacance
soudain — toujours le même —
vacance de l’être
absence des choses
encore une fois je regarde
le creux au creux des paumes de mes mains
y cherchant quoi ? je ne sais pas
je regarde si simplement
qu’il me semble qu’il n’y a rien
à voir
que nul être n’est une question de choses
de ces fixes figées fermées
et arrêtées
pas de station pour mes mains
non
me dis-je alors
pas de station du tout
et sans savoir très bien pourquoi
je les referme sur mes yeux
il fallait au lieu de voir
me dis-je encore
il fallait faire quelque chose.