7.2.21

Trop de brume, trop d’écume. As-tu déjà émis cette hypothèse : ayant trouvé ce que tu cherches, tu t’aperçois que ce n’est pas assez, pas ce qu’il te faut, pas ce que tu voulais ni comme ? Et si cette hypothèse s’avérait exacte, est-ce que tu te contenterais de ce si peu, ce si mal, contraire à ta raison, ou est-ce que tu chercherais autre chose ? Mais quoi ? Autre chose qui, à son tour, ne serait peut-être pas comme tu le voulais, pas assez, pas assez bien, pas bien du tout ? Il est possible, d’ailleurs, que tu ne trouves jamais ce que tu cherches parce que tu ne sais pas ce que tu cherches ou parce que tu l’as déjà trouvé ou parce que cela n’existe tout simplement pas. Tu t’imagines chercher, mais ce n’est rien, que du vent, une illusion de plus. J’ai beau chercher, et même, me semble-t-il, trouver parfois, que faire de cet immense silence qui m’entoure ? Si j’y prête l’oreille, je deviens fou, personne ne peut supporter une telle solitude, mais si je ne l’entends pas, je vis dans un monde faux, je me trompe moi-même, je fais le contraire de ce que je cherche à faire. Comment continuer ? Comment ne pas perdre la patience, l’espoir, l’envie, et tout, et toute la théorie ? Des questions que je me pose pour tenter de comprendre pourquoi ce qu’il m’arrive m’arrive, les réponses ne me satisfont jamais qu’à peine, quand il y en a, ce qui est rarement le cas. (Pourquoi elle ou lui ou elle ou lui et pourquoi pas moi ?) Je joue ou rejoue des scènes en imagination — expériences de pensée : si j’avais fait tel ou tel choix plutôt que celui-là que j’ai fait, que me serait-il arrivé ? et si j’avais été un autre que celui que je suis, aurais-je préféré être un autre, un autre autre que cet autre que j’aurais été, et qui, moi ? —, mais cela ne me dit rien de bon, aurais-je seulement pu faire autrement ? On peut toujours faire autrement. Vraiment ? Ce qu’on appelle, la liberté. Mais est-elle réelle ou bien rien, qu’une illusion, elle aussi ? Faisons-nous des choix ou ne pouvons-nous guère faire mieux que de les assumer ? Après coup. Quand tout s’est déjà passé. Quand tout a déjà passé. Vivre avec ce qu’il nous arrive. Alors nos choix ne sont pas des choix, ce sont de purs moments dans la chaîne infinie des causes et des effets. Notre conscience enregistreuse est-elle autre chose qu’une fabrique d’illusions ? Comment vivre sans ce temps de retard ?