20.2.21

Petits bruits de l’enfant dans le lit conjugal. Présence animale. Le réveil comme une sorte de retour à l’origine, fantasmée certes, mais réelle pourtant. Toujours l’attention rivée sur quelque chose, même quand elle semble fuyante, lâche, distante. Plus tard, ce sont des rues que nous traversons. Vapeurs de joints avant 10 heures du matin. Est-il possible qu’une civilisation tout entière repose sur le trafic et la consommation de drogues plus ou moins légales ? Exotisme au cœur même de la ville où tu vis. C’est vrai qu’on peut voir les choses ainsi. Et tout autrement : peu sinon pas de femmes dans les rues — où sont-elles, disparues ? On pourrait tout raconter d’une façon et puis d’une autre. On pourrait ? Non : on le devrait. Faire toujours varier les perceptions, changer de place sans discontinuer. Comme tout change tout le temps, comment la façon dont on perçoit et comprend ce tout qui tout le temps change pourrait-elle ne pas changer elle aussi ? Est-ce vrai que tout change tout le temps ? Ce qui demeure. Ce qui se transforme. Des mutations. Des transmutations. Je ne sais pas si c’est vrai. Je ne sais pas si c’est faux. À présent, du soleil couchant, je ne vois que les ombres portées, les zones de lumière qui se découpent sur le mur, des reflets qui aveuglent. Avec le soleil, c’est tout un peuple qui va rentrer chez lui. Et cette docilité, n’étant ni sublime ni désespérée, a quelque chose de comique. Bouffonnerie à l’échelle des continents. Si l’on cherchait l’essence de l’Humanité (j’insiste sur l’entité majuscule dans tout ce qu’elle a de ridicule), n’est-ce pas là qu’on la trouverait ? Zéro noblesse. Rien que des petits êtres qui se pressent, s’entassent, se séparent, trouvent partout où ils le peuvent les moyens de s’éviter eux-mêmes. D’un point de vue ou un autre, notre survivance n’est-elle pas étrange ? Qu’elle est belle cette lumière, me dis-je alors que je ne la vois pas, ne peux la regarder en face. Le soleil ni la mort, etc.