Dans le silence d’une conversation avec moi-même, je prends un certain nombre de dispositions. Il me semble que quelque chose dont le secret m’échappe tout d’abord a eu lieu, entre le moment où je me suis couché (tard, j’étais resté éveillé comme hypnotisé par ce film débile que j’avais commencé de regarder sans même le vouloir, sans même m’en rendre compte) et le moment où je me suis douché, quelque chose qu’ensuite il me vient l’idée de nommer le printemps et qui se manifeste par une qualité de l’air, une qualité dans l’air, ainsi qu’une lumière dans l’esprit, une lumière qui irradie d’un point situé au centre d’une sphère à l’ensemble de cette sphère, une lumière qui n’est pas aveuglante, pas crue non plus, dont la clarté a quelque chose de rassurant. Comment une clarté peut-elle se montrer rassurante ? Comme ceci, et ici je désigne un phénomène singulier qui se manifeste notamment dans les dispositions que je prends ; ce sont les effets de ce phénomène, mais le phénomène lui-même peut-il se montrer ? Est-ce qu’on peut montrer ce qui permet de montrer ? Non pas le doigt, mais le geste du doigt. Le geste du doigt sans le doigt du geste. Qu’est-ce que le geste de montrer du doigt sans le doigt qui montre ? Est-ce la signification ? Même s’il ne fait pas froid, bien que je n’aie pas froid, je m’enveloppe dans une couverture pour avoir chaud et écris assis en tailleur sur mon lit. Je regarde le tableau accroché au mur face au lit. Son sujet est simple : une rue en hiver. Et pourtant, il me semble d’une grande profondeur en ce sens que, le regardant, chaque fois, je vois quelque chose de nouveau, quelque chose que je n’avais pas vu, comme s’il était inépuisable. Je le regarde et, au bout d’un certain temps, j’ai l’impression que j’ai les yeux fermés, que je rêve, que je suis ailleurs tout en étant là, assis en tailleur sur mon lit et dans le tableau que je regarde.

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