Le vent souffle fort depuis hier. D’où ce bleu transparent par endroits du ciel. Est-il parfaitement absurde, irrationnel, de lier les dispositions dans lesquelles notre esprit se trouve au temps qu’il fait ? Comment se ferait-il sinon que les idées soient claires quand le temps l’est aussi ? Grande fraîcheur. Grande facilité pour aller d’un point à un autre. Plus difficile de courir, toutefois, une rafale t’arrêtant net ou presque dans ton élan. Esprit vif. Je me lève avec les idées claires sur certaines transformations du langage, des notions comme le « moi », l’identité personnelle. Je les note dans mon cahier. De nouveau, la question du régime se pose à moi. Qui est à la fois une question de diététique et de discipline personnelle. Une question de ligne et de ligne : de ligne de la silhouette et de ligne directrice. D’un certain point de vue, on pourrait penser qu’il s’agit de deux lignes différentes, mais d’un autre, il est clair qu’elles sont comme les dispositions dans lesquelles mon esprit se trouve et le temps qu’il fait, non que le temps qu’il fait soit la cause du plus ou moins de clarté dans mon esprit, comme si le surpoids avait jamais empêché quiconque de penser, plutôt comme la recherche d’un accord, pas le fait de partager le même avis (qui n’est jamais qu’une apparence d’accord), mais au sens musical d’une association harmonique (ou tonale ou non) d’un certain nombre de notes différentes. Un accord de cette espèce-là, pour moi, a du sens. L’accord des opinions peut rassurer, mais il est rarement vrai, ou alors cette vérité ne dure pas longtemps. Je sens le vent qui cogne contre la baie vitrée, je l’entends. Violence pure et belle, sans doute parce qu’elle ne dépasse pas la mesure dans laquelle je suis prêt à l’accepter, comme une menace qui ne représente pas de danger. Elle induit un état d’alerte au sein même de la paix. Est-ce une métaphore ? C’est dans cet état-là qu’il faudrait se trouver toujours, ne pas s’endormir, ne pas faire de gras, être dans un état de tension paisible. Chaque fois que tu dévies de cette ligne, tu t’aperçois que quelque chose ne va plus. Tu t’écartes de l’accord, avec toi-même, avec le monde.

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