4.4.21

Je fais des signes avec les doigts, la morale à qui ne l’écoute pas, essaie de saisir quelque forme inexistante pour ne dire pas la forme de l’inexistant. Un rayon de soleil atterrit là : saurais-je comment le voir s’il n’y était pas ? Manière d’avouer qu’il faut savoir être disponible, peut-être pas se le rendre, mais durer dans un état d’alerte au milieu du monde, des choses, d’autres êtres que moi, d’autres êtres comme moi, tous, si différents qu’ils semblent. Ce ne sont pas les différences les plus visibles, les plus profondes, au contraire, celles qu’on ne remarque pas, et l’on passe ainsi à côté de sa vie, à côté de la vie, persuadé qu’avant même que quoi que ce soit ait lieu on a déjà tout compris. Je multiplie les subjonctifs involontaires comme les gestes étranges. Un doigt, deux ou trois. Certains jours, me regardant dans le miroir, je ne me reconnais pas. Mais toi, que je n’avais pas vu depuis des mois, c’est comme si tu avais toujours été là. Désirable visage de qui ne me ressemble pas, mais qui est tout à fait comme moi. J’en observe un autre, plus loin, immatériel, qui s’exprime dans le même idiome inlassable, insignifiant, et considère d’un silence effondré la tristesse infinie qu’il m’inspire. Pourquoi les gens ? Question mal formée mais qui se pose gravement. Traces de la nuit. Évacuation des lieux.