Par moments, la grisaille semble éternelle. Mais c’est simplement qu’il pleut. Depuis quelques jours, chaque fois la même vision, la mer épouse la couleur du ciel, et tout se ressemble. La géométrie blanche d’un voilier sur la baie semble aller à la dérive. J’envie sa simplicité, même si notre liberté n’est qu’une illusion. Nécessaire. De quoi le monde aurait-il eu l’air si, l’atmosphère filtrant différemment la lumière, le ciel n’avait pas été bleu, mais jaune ou rouge ? Mentalement, j’additionne des choses qui n’ont aucun rapport entre elles et considère le résultat avec calme. Les échos étouffés d’une inaudible musique me parviennent de l’appartement à côté. Côte à côte mais sans relation les uns avec les autres, comme tombés là, par hasard, avec plus ou moins de bonheur, avec plus ou moins de chance, tout dépend des jours, tout dépend des parfums, les uns à côté des autres. Pourtant ne sommes-nous pas semblables ? Pourtant ne sommes-nous pas si différents ? Mentalement, j’additionne des êtres qui n’ont aucun rapport entre eux et considère le résultat sans émotion. Qui voudrait que les choses fussent autrement ? Je vérifie une conjugaison et puis l’étymologie du mot. Par moments, tout paraît si transparent. On en viendrait presque à douter du fait indubitable que les choses sont simplement comme elles sont. Et pourtant les choses sont comme elles sont. Et pourtant nous doutons. Le jaune des pamplemousses roses embaume la pièce. Où je tiens dans mon silence.

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