19.5.21

Les problèmes ne sont pas indépendants les uns des autres, ils fonctionnent en chaîne. Est-ce que cela signifie qu’il faille traiter la chaîne comme un tout, se mettant en tête l’idée que la chaîne n’est pas qu’un lien mais une entité en soi ? Et la converse, pour ainsi dire, de cette idée : devant l’étendue des problèmes, comment croire qu’il existe un moyen unique de les résoudre tous d’un coup ? Devant l’ampleur des dégâts que nous nous infligeons, que la vie sociale et l’existence pure et simple nous infligent, qui pourrait affirmer sans douter qu’il existe autre chose que des thérapies partielles ? Tous les problèmes sont liés, il me semble difficile d’en douter, mais cela ne signifie pas qu’ils forment un problème unique, plutôt que (1) il faut trouver le problème le plus proche de moi et le traiter en premier — commencer par le commencement — et (2) que les problèmes fonctionnant en chaîne, la résolution d’un problème est susceptible d’entraîner la résolution d’un autre problème — une chose à la fois. Qui veut changer de vie, ainsi, ne change jamais toute sa vie, mais choisit un élément à modifier (se met à marcher, s’enferme, s’isole, se tait, se met à jouer de la flûte, etc.) et cette modification qui, d’un certain point de vue, peut sembler mineure ou indifférente au regard de l’ampleur des dégâts et de la tâche, cette transformation entraîne toutefois un changement de perspective telle que c’est l’image entière de la vie qui s’en trouve par là modifiée ; — l’image, c’est-à-dire : la façon dont je la vois, la façon dont je me vois, la façon dont je me pense agissant, la façon dont j’agis. Sinon, rien.